Accident ou catastrophe ?
Suffisamment de temps a passé depuis les tragiques évènements qui se sont produits au Japon le 14 mars dernier, pour qu’on puisse porter un regard critique sur la manière dont les médias ont traité l’affaire. Eh bien, elle s’est avérée stupide, ridicule, mensongère, malhonnête, tout particulièrement de la part des deux principales chaînes de télévision françaises, qui continuent de parler de « catastrophe nucléaire ».
À l’origine, un tremblement de terre. Puis, provoqué par ce tremblement de terre, un raz de marée. Les deux ont ravagé la région concernée, et il y a eu au moins 30 000 morts, sans doute davantage. La centrale nucléaire de Fukushima a été endommagée par le raz de marée, pas par le tremblement de terre, bien qu’il ait été de force 9, car les centrales japonaises sont assez résistantes pour cela. Elle n’est donc pas en ruines comme l’a été celle de Tchernobyl.
Un nuage radioactif s’en est échappé, inutile de le nier, mais il n’a contaminé que quelques dizaines de techniciens. C’est triste pour eux, mais rien à voir avec les trente mille morts dont je parlais plus haut. Et cela, c’est un accident nucléaire, ce n’est pas une catastrophe nucléaire. Pourquoi ? Parce que l’enceinte de confinement de la centrale a résisté (à Tchernobyl, il n’y avait pas du tout d’enceinte de confinement !), et que, ce qui s’est échappé, c’est uniquement du gaz ou de très fines particules (iode 131, césium 137…), pas des matériaux radioactifs.
Mais, bien sûr, dit comme cela, ce n’est pas assez vendeur pour les journaux et radios-télés ! Alors on brode, on brode, et l’on invente. C’est sans risque, le public n’y connaît rien, pas plus en physique qu’en vocabulaire, et pour lui, accident et catastrophe sont strictement équivalents.