« Ado » ?
S’il y a un mot qui commence à me casser sérieusement les pieds, c’est bien ado. Encore qu’il ne s’agisse pas vraiment d’un mot, mais ne coupons pas les cheveux en quatre, les lecteurs n’aiment pas trop cela, or je préfère en garder quelques-uns (de lecteurs, pas d’ados) tant que le vent est encore favorable.
Aujourd’hui, on colle de l’« ado » partout. Pas un journal, pas une émission de radio ou de télé qui n’emploie chaque jour ce vocable étrange, né de la paresse à prononcer les mots de plus de deux syllabes – une disposition d’esprit qui finira par me pousser à écrire « cinématographe » plutôt que « cinéma ». Et non seulement cela revient sans arrêt, mais rarement à bon escient, puisque les gens de médias l’appliquent désormais à n’importe qui entre dix et vingt-cinq ans.
Dans ce domaine, les anglophones sont un peu plus avisés : ils disent teen, et désignent ainsi quiconque a un âge entre thirteen et nineteen, c’est-à-dire entre treize et dix-neuf ans, ce qui est un peu plus réaliste. En somme, ils harmonisent le vocabulaire et le sens. Les Français sont loin d’en faire autant.