Apprenez donc le finnois !
La Finlande est un pays d’Europe du Nord. Les habitants de la Finlande sont les Finlandais. Mais les Finlandais ne parlent pas le finlandais, car le finlandais, en tant que langue, n’existe pas.
Les Finlandais se répartissent en deux groupes ethniques, les Finnois et les Lapons. Les Finnois parlent le finnois. Les Lapons parlent le... suédois ! Ces deux langues, le finnois et le suédois, n’ont rien de commun. La plus simple, c’est le finnois.
Tout comme l’anglais, le finnois n’emploie aucun caractère spécial. Il ne connaît ni cédille ni accent, mais il utilise le tréma, qu’il place uniquement sur le a ou sur le o. Le ä se prononce entre notre a et notre è. Le ö se prononce comme le eu de beurre (pas le eu de pneu, qui est différent). Ce son existe aussi en danois, il est présent dans le nom de la capitale København, dont nous avons fait « Copenhague », mais, comme vous le constatez, il exige un caractère spécial, le ø, dont les Finnois se passent sans difficulté.
Les six voyelles du finnois sont exactement les mêmes que celles du français, quoique le u se prononce ou, et le y se prononce... u ! Les consonnes du finnois sont moins nombreuses que les nôtres, car il en manque quatre : le q, le w, le x et le z. Et comme le s se prononce « s » dans tous les cas, y compris entre deux voyelles, il s’ensuit que le son z n’existe pas en finnois ! Mais il n’existe pas non plus en espagnol, et ça ne gêne personne.
Le finnois n’a pas d’articles à placer devant les noms. Il n’a pas non plus de prépositions. Et il ignore le genre des noms, c’est-à-dire qu’il n’y a ni masculin ni féminin ! Si les verbes sont classés en cinq groupes (contre trois chez nous), en compensation, il ignore le subjonctif. Le chiendent de cette langue, ce sont les désinences, qu’on ajoute à la fin des mots pour remplacer les prépositions ; par exemple, on ajoute -ssa pour dire dans, ou -lla pour dire avec. Et il en existe... quinze (mais vingt en hongrois, ce qui devrait vous rassurer !).
Lorsqu’on lit du finnois pour la première fois, on est rebuté – à tort – par l’abondance des trémas, et aussi des lettres doublées. Mais leur signification est simple : on doit les prononcer deux fois plus longtemps !
Finalement, le finnois est une langue facile. Au lieu de se fatiguer à inventer l’esperanto, le docteur Zamenhof aurait mieux fait de promouvoir le finnois, il aurait gagné du temps.