Au plus court !

Publié le par Yves-André Samère

Lorsque l’informatique s’est développée, les instructions destinées à exécuter tel ou tel travail étaient regroupées en un ensemble que l’on appelait programme. Il était écrit dans un langage de programmation, et il en a existé une foule : Basic, Cobol, Fortran, Pascal, Lisp, Forth, Python, C, C++, sans oublier l’Assembleur, qui servait à programmer le langage-machine, le plus rapide mais le plus ésotérique. Même les calculatrices programmables possédaient leur propre langage. J’en ai pratiqué quelques-uns, soit pour m’amuser, soit pour craquer ou modifier des programmes commerciaux que jamais je n’aurais eu l’idée d’acheter.

Puis est née, dans la cervelle de je ne sais quel génie de l’innovation, cette fantaisie aujourd’hui très répandue de vouloir changer le nom des choses, à défaut de modifier les choses elles-mêmes. Après tout, lorsqu’une grosse firme a commis une ou deux saloperies, que fait-elle pour se fabriquer une nouvelle virginité ? Elle change de nom (on rappellera quelques exemples un autre jour, je ne veux pas faire de peine au Crédit Lyonnais ou à France Télécom). Le mot programme a donc été envoyé aux oubliettes, et on a rebaptisé logiciel cet objet qui n’avait en rien changé de nature.

Le mot a tenu quelques années, mais on se fatigue de tout, et il est devenu urgent de trouver une autre appellation. Et donc, logiciel est un peu tombé en disgrâce, pour laisser la place à cette prodigieuse trouvaille : application. Cela changeait-il quoi que ce soit ? Pas le moins du monde, c’était toujours une longue suite d’instructions que pouvait exécuter l’ordinateur, seul le mot avait changé.

Reste qu’application souffre d’une tare vite devenue insupportable aux cerveaux du vingt-et-unième siècle : il comporte QUATRE syllabes ! Comment voulez-vous qu’on s’en sorte, alors que nous vivons dans des apparts, que nous prenons des p’tits déjs, que nous vivons en couple avec un copain (ou une copine), que nous nous soignons avec des médocs, que nous lisons des BD, que nous allons au resto, que nous consultons un dico (rarement, reconnaissez), que nous allons au ciné, et qu’au lieu d’acheter des vêtements, nous préférons des fringues ? Si bien que les ex-programmes, logiciels et applications sont devenus des applis.

Mais je m’inquiète : n’y a-t-il pas encore trop de lettres ? Je vois venir la suite inévitable : bientôt, nous n’aurons plus que des apps !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Je n’ai pas écrit que APP (avec deux P) n’existait pas ! Mais ce n’est pas (encore) un synonyme des mots que j’ai cités. C’est seulement une extension des programmes pour Macintosh.
Répondre
C
« App », cela existe déjà, malheureusement !...
Répondre
D
Un "p" de trop, cher ami, des "aps" plutôt.
Répondre