Bernie-Peau-d’vache
Bernadette Chirac, ce n’est pas Nini-Peau-d’chien, c’est plutôt Bernie-Peau-d’vache. Sa méchanceté est si connue dans les médias qu’elle est la terreur des journalistes, mais ne comptez pas sur Drucker ou sur Bern pour vous en faire part. Pas moindre, sa faculté à se mettre en avant et son mépris des agents de l’État. Voici trois épisodes que le honteux téléfilm Le clan Chirac a pieusement oublié de vous montrer.
Le plus ridicule, d’abord. Le logement privé du couple présidentiel (deux appartements superposés de 140 mètres carrés chacun), donne sur une petite rue fermée à toute circulation – des véhicules comme des piétons. C’est la rue de l’Élysée. Juste au-dessous se trouve un poste de police, qui est le QG du service d’ordre protégeant le palais. Une nuit, madame Chirac est réveillée par des rires qui en émanent : une femme policier est lutinée par un collègue, et elle éclate de rire. Aussitôt, Bernie fait convoquer le ban et l’arrière-ban (jusqu’au préfet de police, si mes souvenirs sont bons), et elle réclame la mutation des coupables. Mais elle a la bonté de ne pas exiger qu’on les fouette.
Le plus charlatanesque, à présent, à Rambouillet, lors de l’inauguration d’une maison de retraite pour vieillards dépendants. L’établissement a coûté dix millions d’euros. La région Île-de-France a versé trois millions, mais le président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon, n’a pas été invité, car, par le plus grand des hasards, on a choisi une date où il était retenu à la réunion du Conseil général. En revanche, madame Chirac est présente, en vedette très fêtée de la manifestation, c’est elle qui coupe le ruban et dévoile la plaque de marbre (il y en a deux, toutes deux portent son nom), alors que sa fondation n’a contribué que pour... 28 935 euros ! Même pas le centième de la contribution de la région.
Le plus odieux enfin, l’affaire du bureau de poste de Sarran, la localité où Bernadette Chirac se fait élire. Peu fréquenté, ce bureau de poste aurait dû être fermé en avril 2000, mais madame Chirac a fait filmer par France 3 son intervention publique en faveur du maintien de ce seul bureau de poste, alors que plusieurs fermetures étaient prévues dans le département. Prétexte qu’elle avança : on va construire le musée du septennat de son mari, le public va sans doute affluer, et tous ces touristes auront sans doute envie d’envoyer des cartes postales, DONC il faut garder ouverte la Poste locale ! Et elle case dans son argumentation que son mari est président de la République... Pression ? Quelle pression ? Le représentant de la Poste, ridiculisé en public, cède, mais, s’estimant à juste titre bafoué, empêché de faire son travail, il demandera sa mutation par la suite. Quant aux autres maires privés de leur bureau de poste, ces manants n’ont pas pu s’exprimer lors de la réunion.