Borloo parti ? Bon débarras !
Avec la jolie charrette de ministres et sous-ministres débarqués hier soir, on peut s’attendre à une flopée de livres dans les prochains mois, sur le thème vengeur « C’est pas moi qu’il fallait renvoyer, c’était le voisin ». Classique. On va enfin savoir comment écrivent les nègres de Rama Yade, Bernard Kouchner et Fadela Amara (quoi ? J’en ai oublié deux ou trois ? Mille excuses).
Non, je n’ai pas oublié Borloo. Je voulais seulement consacrer un ou deux paragraphes entiers à ce grand modeste. Nous allons être invités à sangloter sur Borloo, ce type tellement sympathique et qui, faute d’avoir décroché le poste de Premier ministre qu’il convoitait depuis des mois, a préféré gagner la sortie pour se consacrer à une activité utile : glisser des peaux de banane sous les talonnettes de son ancien patron. Vous, je ne sais pas, mais moi, j’ai comme un vague début d’allergie à l’égard de ce charlatan, qui a tout raté mais possède le génie de faire croire le contraire. Borloo, c’est avant tout un avocat d’affaires, qui a si vaillamment défendu la veuve et l’orphelin... pardon : qui a si vaillamment défendu Bernard Tapie et ses affaires véreuses, qu’il y a gagné d’être classé par le magazine «Forbes » comme l’un des cinquante avocats d’affaires les plus riches du monde. Un exemple de gars qui ne pense qu’au social, quoi !
Ah, Tapie ! L’ancien chanteur raté qui s’est reconverti dans une branche très particulière : racheter pour une bouchée de pain, un franc symbolique le plus souvent, des entreprises au bord de la faillite, virer les employés, puis vendre les actifs (les murs, le matériel, le terrain). Cela valait la peine de se mettre à son service pour lui filer un petit coup de main et l’aider à devenir le parfait honnête homme que tout le pays admire aujourd’hui.
Borloo, lui, bombardé ministre de l’Économie dans le gouvernement de Raffarin, lança la campagne des « maisons Borloo », un chef d’œuvre. Il s’agissait de favoriser l’accès des Français pauvres à la propriété, grâce à des prêts étudiés pour, et via une limitation des frais de construction à cent mille euros. Projet : chaque année, on devait construire trente mille de ces maisons à bon marché. Mais, comme le rappelle le journal « La Mèche », un repaire de sales gauchistes, deux ans plus tard, on ne comptait que quatre de ces maisons dans tout le pays. Un triomphe.
Rendez-nous Borloo, il nous manque déjà !