Ce salaud de Julian Assange
On ne peut pas ignorer que Julian Assange, fondateur de Wikileaks, obligé de se planquer à l’ambassade de l’Équateur à Londres, s’est adressé au public ce dimanche après-midi, depuis le balcon de l’ambassade, et derrière un cordon de policiers britanniques. Il a sommé les États-Unis de renoncer à la chasse aux sorcières contre Wikileaks, et de libérer le malheureux Bradley Manning, ce soldat que l’armée des États-Unis accuse d’avoir communiqué à Wikileaks une série de documents (dont une vidéo montrant des civils tués par erreur à Badgad depuis un hélicoptère), crime abominable – je parle du crime de ce soldat, qui est homosexuel, comme si le reste ne suffisait pas. À ce jour, Manning a déjà passé 815 jours en taule, sans même avoir pu présenter sa défense devant un tribunal. Comme quoi, le pays de la liberté sait se protéger contre les salopards qui lui veulent du mal.
Faisons une de ces digressions que j’affectionne. Il y a quelques semaines, l’acteur britannique Sacha Baron Cohen a sorti un film qu’il avait écrit et joué, The dictator. Ce film n’a guère eu de succès, et la critique lui est tombée dessus à bras raccourcis. On sait combien les critiques de cinéma, en France, sont intelligents et clairvoyants. Peut-être un peu distraits aussi, car ils n’ont pas noté le discours final, prononcé aux Nations-Unies, du dictateur incarné par Sacha. Celui-ci y faisait l’éloge... de la dictature, et brossait un tableau idéal du pays correspondant à ses vœux d’oppresseur du peuple. Or, tout ce qu’il disait, absolument TOUT, renvoyait à l’une ou l’autre des dispositions légales en vigueur aux États-Unis ! Vous ne me croyez pas ? Non ? Voici donc le dialogue EXACT de cette partie du film :
Qu’est-ce que vous avez contre les dictateurs ? Imaginez que l’Amérique soit une dictature. Vous pourriez laisser 1 % de la population avoir toutes les richesses. Vous pourriez aider vos riches amis en réduisant leurs impôts et en les renflouant s’ils misent sur un mauvais cheval. Vous pourriez refuser aux pauvres les soins et l’éducation. Vos médias sembleraient libres, mais une seule personne et sa famille les contrôleraient. Vous pourriez mettre sur écoute. Torturer les prisonniers étrangers. Truquer les élections. Mentir pour partir en guerre. Remplir vos prisons d’un seul groupe ethnique, et nul ne s’en plaindrait ! Utiliser les médias pour effrayer le peuple et lui faire soutenir des politiques qui lui nuisent. Pour vous, Américains, c’est dur à imaginer, mais essayez.
Oui, essayez !