Chéreau
Patrice Chéreau est mort avant-hier d’un cancer, à 69 ans, et, sans surprise, c’est à qui, dans les médias, passera le plus vigoureusement la brosse à reluire, attendu que « Tous les morts sont de braves types », comme l’a chanté Brassens.
Chéreau avait trois activités voisines : la mise en scène de théâtre, d’opéra et de cinéma. Et toujours sur un mode tragique, puisque jamais il n’a mis en scène la moindre comédie, sauf une comédie de Labiche à ses débuts, en 1966. Il ne fallait pas compter sur lui pour monter un spectacle avec Offenbach ou Feydeau, il préférait Koltès, dont il a monté six des pièces. Pourtant, il s’était rendu célèbre avec une comédie de Marivaux, La dispute. Or, de cette courte fantaisie (un seul acte, qui se lit en vingt minutes) sur l’inconstance amoureuse des très jeunes gens, il avait fait un spectacle de... trois heures, qui était devenu une parabole sur le fascisme !
Je n’ai vu aucune de ses mises en scène d’opéras, et j’ai pu voir deux mises en scène théâtrales, plus une troisième à la télévision. J’admets que c’était assez impressionnant, et il a été le seul à employer Jacqueline Maillan dans un drame, au Théâtre du Rond-Point. En revanche, j’ai vu la plupart de ses dix films, tous mauvais. On a beaucoup cité La reine Margot, drame sur le massacre de la Saint-Barthélémy, et que « Le Canard enchaîné » avait rebaptisé « La reine McDo », vu la quantité de sang qui s’y déversait, évoquant un flot de ketchup.
Chéreau a aussi fait l’acteur pour d’autres, notamment dans le Adieu Bonaparte de Youssef Chahine, où il était Bonaparte himself. Pas très crédible ! À cette date, 1985, Chahine avait perdu toute crédibilité, lui qui avait été un grand réalisateur de cinéma. Mais c’est ainsi, dans ce métier, on ne vieillit pas toujours bien.