Christopher Hitchens
Mauvaise nouvelle, Christopher Hitchens vient de mourir, d’un cancer, à l’âge de 62 ans. C’était un journaliste-écrivain britannique, qui avait travaillé à la BBC, et je l’avais découvert par son livre qui, le tout premier, traitait comme elle le méritait la reine des imposteurs (ce nom a-t-il un féminin ?), j’ai nommé la sinistre « mère » Teresa.
Il avait fait une enquête très poussée, puis publié cet ouvrage, Le mythe de mère Teresa, dont les médias se sont empressés de ne pas parler, à l’exception de « Charlie-Hebdo ». Ce livre, dont le titre original était The missionary position – Mother Teresa in theory and practice, a d’abord été publié aux éditions Verso, à Londres et New York, en 1995. Puis il a été traduit en français et publié l’année suivante chez Dagorno, petite maison d’édition de gauche indépendante, existant depuis 1993 et attachée au dépoussiérage des cervelles. Cherchez sur Internet, vous verrez qu’elle ne publie pas n’importe quoi.
Ce premier (et seul ?) livre démythifiant l’horrible mégère, sous titré « Ou comment devenir une sainte de son vivant grâce à un excellent plan média »), n’a eu aucun succès, on s’en doute ; les gens préfèrent croire à des personnages dont la légende tient du merveilleux, du style Jeanne d’Arc, et n’aiment pas qu’on leur révèle que des « saintes » ressemblent à Folcoche. En fait, Hitchens, athée miliant, démontrait qu’Anjezë Gonxhe Bojaxhiu – son vrai nom –, amie de tous les dictateurs de la planète (elle déposa une gerbe sur la tombe d’Enver Hodja, le dictateur communiste qui régna sur le pays dont elle était originaire, l’Albanie), refusant le divorce (sauf celui de Charles et Diana, qu’elle avait approuvé parce qu’ils étaient de ses amis), et bien entendu farouchement opposée à l’avortement, ne soignait pas ses malades, leur prêchait que « la douleur [était] un don de Dieu » [sic], et s’opposait donc à ce qu’on leur administre des médicaments antidouleur. On ne fait pas plus sadique.
Malhonnête, aussi : elle accepta un chèque de 1,25 million de dollars que lui avait signé un escroc, Charles Keating, lequel avait provoqué la faillite des caisses d’épargne aux États-Unis, et donc ruiné des milliers de pauvres au début des années quatre-vingt – l’ère Reagan. Il lui offrit également l’usage de son jet privé pour ses déplacements. En 1992, il fut traduit devant la Cour supérieure de Los Angeles et condamné à dix ans de prison. Lorsqu’il fut révélé qu’il avait donné cette somme à la religieuse, l’assistant du procureur, Paul Turley, lui demanda de restituer l’argent à ses légitimes propriétaires, des prolos je le répète, et… elle refusa !
Hitchens a aussi rédigé un livre très complet sur les mystifications de toutes les religions, publié en France sous le titre Dieu n’est pas grand. À lire absolument. Il a également écrit sur Henry Kissinger. On ne trouve plus, sauf chez les soldeurs (ou chez moi, mais je le garde précieusement), le livre sur « mère » Teresa, mais vous dénicherez ses autres livres sur Amazon. Ne vous en privez pas !