Comment fabriquer un saint (voire une sainte)

Publié le par Yves-André Samère

Quelques précisions sur un personnage dont il ne vous a pas échappé que je le vénérais : « mère » Teresa. Simple religieuse albanaise, elle a fait sa carrière en Inde, et a été rendue célèbre par un film qui a constitué la base de son « plan média », un documentaire pour la BBC de Peter Chafer intitulé Something beautiful for God (sa seule œuvre, en 1969), tourné à l’initiative d’un télévangéliste britannique, Malcolm Muggeridge, qui apparaît dans le film, et signe le livre l’accompagnant dans sa vente au public.

Comme on sait, la religieuse était une amie personnelle de Jean-Paul II, qui, dès sa mort en 1997, a tenu à la béatifier, en attendant sa canonisation, qui ne saurait tarder, connaissant le pape actuel. Or, une béatification, selon les règles du Vatican, exige que le candidat ait accompli un miracle ! Ennui, Agnès alias Teresa n’avait pas accompli le moindre miracle, sinon celui de se faire passer pour une sainte de son vivant, via une propagande insensée qui dure encore.

Par chance, l’Église catholique a prévu la parade : elle admet les miracles accomplis après la mort de l’intéressé ! Qui, du coup, n’a plus à se soucier de rien, puisque ses thuriféraires vont s’affairer à en fabriquer un. C’est ainsi que, un an après son décès, et – par le plus grand des hasards – le jour anniversaire de sa mort (le 5 septembre 1998), deux religieuses du village indien de Raigunj, au Bengale, affirmèrent avoir collé sur l’abdomen d’une malade une médaille en aluminium, censée avoir été en contact avec la dépouille mortelle de la future sainte. Cette malade, Monica Besra, 24 ans, souffrait d’une grosse tumeur à l’utérus, qu’on prétendit cancéreuse, et on fit savoir que ce contact l’avait guérie en une nuit.

Ce n’était certes pas l’avis du directeur de l’hôpital local, le docteur Manju Murshed, ni celui du docteur T. K. Biswas et du gynécologue le docteur Ranjan Mustafi, qui l’avaient soignée. Ils révélèrent que la malade avait eu une méningite tuberculeuse et un kyste ovarien, qu’elle avait suivi un traitement d’une durée de neuf mois pour ces deux affections très ordinaires, et que le traitement avait réussi – ce que confirma son mari, Selku Murmu ! Le ministre de la santé du gouvernement régional de l’époque, Partho De, ajouta : « L’enquête que j’avais ordonnée prouvait que ce sont des médicaments puissants qui l’ont soignée ». Et un membre de l’Association indienne des rationalistes, Probhir Ghosh, confirma : « Dans son village, de nombreux témoins ont affirmé que sa tumeur avait disparu progressivement, sur une période de plusieurs mois ». Aucun rapport médical n’a mentionné la présence du moindre cancer chez la malade.

Malgré cette tentative évidente de bidonnage, le Vatican, sans attendre les cinq ans requis habituellement avant d’entamer ce genre de procédure, a ouvert l’enquête le 26 juillet 1999, et béatifiée la religieuse le 19 octobre 2003 !

Tout cela est admirable.

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