Coups de pied (qui se perdent)
L’une des expressions les plus agaçantes que je connaisse et dont les médias audiovisuels nous farcissent les oreilles est celle-ci : « coup de cœur ». Elle finit par nous rendre malade, mais pas du cœur. Plutôt de l’estomac.
Je suis tout à fait certain de deux points : d’une part, elle est exclusivement utilisée par lesdits médias. Personnellement, je ne l’ai JAMAIS entendu citer dans le langage courant. D’autre part, elle est d’utilisation assez récente, et je ne crois pas qu’on nous l’ait assénée depuis plus d’une génération, ce qui est très court dans l’histoire du langage.
« Assénée », car il ne se passe pas de jour sans qu’on l’entende quelque part. Ainsi, la chaîne de télé Canal Plus n’annonce jamais un film du soir sans prétendre que c’est « le coup de cœur de Canal Plus », et France Inter aussi nous fait le coup avec les films que la station parraine (ce qui leur vaut généralement un bide spectaculaire, si je puis dire).
Enfin, et surtout, cette expression est idiote. Elle ne veut rien dire. Lorsque quelque chose nous plaît, livre, film, musique, ce que nous ressentons, ce n’est jamais un coup, que ce soit au cœur, ou ailleurs (le « cœur », encore une bêtise incommensurable ; cet organe n’a rien à voir avec les sentiments, et il n’y a que les Espagnols pour mêler partout du corazón). Mais on voit bien que le zozo qui a eu cette idée le premier pensait au coup de foudre – encore un mythe pour presse du, euh... du cœur, comme par hasard.
J’attends avec impatience la prochaine mode.