Élégance sarkozyenne
Aucune surprise : en dépit de sa feinte acceptation, hier, du verdict qui relaxait Villepin dans le procès Clearstream, et donc réduisait à néant sa tentative de l’écarter de son chemin lors de la prochaine élection présidentielle, Sarkozy n’a pas tenu vingt-quatre heures et ordonné au parquet de faire appel du jugement. En voilà un qui ne jette pas la rancune à la rivière !
À vrai dire, ce doit être une spécialité gaulliste, ce genre de mesquinerie. L’idole des adeptes de ce parti, De Gaulle soi-même, avait donné l’exemple en 1962. Pour punir le général Salan, qui s’était dressé contre lui et avait dirigé pendant une année l’O.A.S. (Organisation Armée Secrète, qui combattait clandestinement pour l’Algérie Française), De Gaulle avait créé un tribunal spécial, le Haut Tribunal Militaire, qui, dans son esprit, DEVAIT condamner à mort les deux généraux récemment capturés, chefs de l’O.A.S., Raoul Salan et son adjoint Edmond Jouhaud. Pour des raisons mystérieuses, peut-être le talent de leurs avocats respectifs, Jouhaud avait été condamné à mort comme prévu, mais Salan, quelques semaines plus tard, n’avait été condamné qu’à la prison à perpétuité. Que croyez-vous que fit De Gaulle ? Fou de rage, il signa immédiatement un décret qui prononçait la dissolution du tribunal !
L’alliance de l’élégance et de la démocratie, tel fut l’héritage de celui dont se réclament aujourd’hui la majorité des gens de droite dans ce pays.