Et le Prix Nobel de maths ?
Je suis en train de lire Théorème vivant, le livre de Cédric Villani, que vous n’avez pas pu rater à la télévision. Ce type est une pointure (médaille Fields de mathématiques, l’équivalent d’un Prix Nobel), mais il cultive un genre excentrique propre à faire douter de son sérieux : lavallière, cheveux longs dans le style Frédéric Chopin, le tout couronné, si je puis dire, par une broche très féminine représentant une araignée. Il fait exprès, et tout le monde a le droit de s’amuser un peu avec les médias, même quand on enseigne à l’École Normale Supérieure de Lyon et qu’on est père de deux enfants. En tout cas, son livre, intéressant, n’est pas à conseiller au « grand » public, car il est farci de pages entières couvertes de formules mathématiques (il y a une séquence de NEUF pages consécutives de formules ! Les correcteurs de chez Grasset ont dû s’amuser) auxquelles, en dépit de mon goût pour cette discipline, j’ai un peu de mal à comprendre ce qu’elles expriment. Oh, j’ai bien saisi le schéma d’approximation de Newton, page 27, permettant de calculer les solutions d’une équation quelconque « avec une vitesse phénoménale » (il suffit de savoir calculer une dérivée, ce qui est au programme du bac), mais je doute de pouvoir faire mieux, mon niveau en maths étant trop faible (et puis, de son livre, je ne suis qu’à la page 50).
En tout cas, l’époque de la remise des Prix Nobel a remis sur le tapis, comme chaque année, la question que chacun se pose, quoique peut-être pas partout : pourquoi n’y a-t-il pas de Prix Nobel de mathématiques ?
La réponse donnée généralement est qu’Alfred Nobel aurait été un mari trompé, et que sa femme ayant pris un amant mathématicien, Nobel aurait « puni » toute la corporation en excluant leur spécialité de la liste des récompenses que sa fortune, acquise en fabriquant la dynamite qu’il avait inventée, lui permettait de subventionner. Or c’est une explication totalement bidon, pour l’excellente raison que Nobel... ne s’est jamais marié ! Certes, il avait une maîtresse native de Vienne, Sophie Hess, tout comme deux ou trois individus sans moralité que je connais, et l’on attribue, à cette demoiselle de vingt-deux ans plus jeune que lui, un amant nommé Gosta Mittag-Leffler, qui était en fait un étudiant suédois en mathématiques. Mais Nobel n’a sans doute jamais connu cet odieux briseur de ménage, puisque lui-même avait quitté la Suède bien avant cet évènement.
La vérité est double : il existait déjà en Scandinavie un prix de mathématiques, et Nobel, tout simplement... n’aimait pas les mathémathiques !