Fable pour une élection
La passation des pouvoirs entre l’ancien président et le nouveau ayant eu lieu, voici une petite fable sans prétention pour saluer l’évènement :
L’anguille et le paon
Comme prévu, lorsque vint le printemps,
Et c’est ainsi tous les cinq ans,
Un paon cette fois-ci affrontait une anguille
Qui lui plantait nombreuses banderilles.
(Duel étrange, mais, lecteur aimable,
Nous sommes bien dans une fable)
Pourtant,
Celui-ci – et j’entends
Le virtuose de la roue –,
Fort jaloux
De ses splendides plumes,
Se croyait à jamais roi de la basse-cour.
« Qui me surpassera ?
Disait-il, oui, qui donc m’évincera
Lorsque, le temps venu, et c’est dans peu de jours,
Vous choisirez, comme le prescrit la coutume,
Celui qui règnera sur vous,
Sur vos fils, sur vos filles,
Et vous, dames, sur vos époux ?
Certes, ce n’est pas cette anguille
Qui vous assurera ces glorieux lendemains
Vers quoi vous marcherez, tous, la main dans la main,
Et moi le paon,
Devant,
Et vous guidant. »
Mais le paon, possédant, on le sait, un ramage
Qui n’égale point son plumage,
La basse-cour s’effaroucha,
Et ce fut à qui préféra
La triste anguille de l’étang
Au paon.
MORALITÉ
Criez, hurlez,
Gesticulez,
Agitez-vous,
Pour autant, le succès ne sera pas au bout.