Fouquet sur France 2
À propos de Nicolas Fouquet et de l’émission télévisée qu’on a pu voir hier soir (voyez-la sur pluzz.fr si vous l’avez ratée), en vérité en vérité je vous le dis, mes bien chers frères, Louis XIV était une belle salope ! Non seulement il a inventé le pouvoir personnel et révoqué l’édit de Nantes, qui était ce qu’Henri IV avait fait de mieux, mais il a fait arrêter, embastiller et a tenté de faire condamner à mort un innocent, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances ; et cela, par jalousie. Une jalousie double, du reste : le roi enviait la fortune de cet homme (qui, bêtement, avait cru l’éblouir en donnant la fête la plus fastueuse de toute l’histoire de France, celle même au cours de laquelle Vatel s’est suicidé), et il voulait sa peau depuis que Fouquet avait cru poser les yeux sur Louise de la Vallière, la première favorite du roi dans l’ordre chronologique.
L’homme de main qui lui avait monté la tête était un autre jaloux, le sinistre Colbert, dont je supporte mal que sa tombe soit à trois cents mètres de chez moi, dans l’église Saint-Eustache. Beaucoup moins honnête, soit dit en passant, que Fouquet, car lui pillait carrément les richesses du pays à son seul profit. Disons que Fouquet arrondissait sa fortune mais subventionnait l’État, alors que Colbert volait pour son propre compte. Mais Louis XIV avait en lui une telle confiance qu’il lui a fait élever l’un de ses fils naturels, Louis de Bourbon, comte de Vermandois, justement fils de Louise de La Vallière, qui ne pouvait s’en charger car elle s’était retirée au couvent. De ce pauvre garçon, je reparlerai peut-être un jour : son père s’est conduit avec lui de façon abominable, et l’a quasiment envoyé à la mort, à l’âge de seize ans.
Et puis, juste en passant : alors que Fouquet était un homme de goût qui a découvert Molière et entretenait La Fontaine, Loulou-la-Fistule avait des goûts affreux : son château de Versailles – je ne parle pas des jardins –, comparé à celui de Vaux-le-Vicomte que Fouquet avait fait bâtir, est une horreur. San-Antonio a écrit de lui que « s’il avait pu se faire faire des meubles à perruque, il l’aurait fait ».