Gare !
Je trouve que les gares de chemins de fer sont des endroits fascinants, sous réserve que ce soient de grandes gares. Les petites gares, elles, sont en général sinistres, et si vous ne connaissez pas la gare de Saint-Lô, vous ne savez pas ce que signifie l’envie de suicide. En revanche, on dit que la gare de Perpignan plaisait beaucoup à Salvador Dali...
Coup de chance, je vis à Paris, qui ne manque pas de grandes gares : la Gare du Nord est la plus grande d’Europe – quoique je ne sache pas très bien ce que cela signifie : nombre de quais, nombre de voies, surface, nombre de guichets, nombre de bistrots, nombres de trains par jour ? En fait, Paris a moins de gares qu’autrefois. La ville en a eu jusqu’à onze, mais quatre ont disparu ou changé d’utilisation (celle d’Orsay, devenue ensuite un immense bazar qui a compté un théâtre pendant quelque temps, a servi de décor à un film d’Orson Welles, et qui est aujourd’hui un très beau musée dû à Giscard ; celle des Invalides, reconvertie en gare de métro, tout comme celle du Luxembourg ; et celle de la Bastille, remplacée par un opéra et dont il ne reste qu’un viaduc avenue Daumesnil, privé de sa voie ferrée mais converti en jardins). Et puis, la gare de Bercy, spécialisée dans le transport des vins, est devenue une simple annexe de la Gare de Lyon et dessert uniquement l’Italie.
Des six qui demeurent (Est, Nord, Saint-Lazare, Montparnasse, Lyon et Austerlitz), l’une a... déménagé deux fois ! C’est la Gare Montparnasse. En 1840, elle a été construite là où elle est aujourd’hui, mais elle a été remplacée entre 1848 et 1852 par une autre ouvrant sur le boulevard du Montparnasse. C’est là qu’a eu lieu le fameux accident du train venu de Granville, qui s’est emballé et qui est tombé dans la rue (voir photo ici). Puis, en 1968, révolution, on l’a reconstruite, en plus moche, à son emplacement d’origine.
Mais un aller-et-retour, pour une gare, c’est normal !