Graeme Taylor

Publié le par Yves-André Samère

Être jeune vous fait facilement passer pour un crétin, et il faut dire que beaucoup font ce qu’il faut pour cela : entre un « Génial ! » et deux « C’est clair ! », la plupart ont vite épuisé leurs ressources sémantiques et récoltent ce qu’ils sèment : une réputation de blaireaux.

Néanmoins, il ne faut pas généraliser. À la rentrée de septembre, on a beaucoup vu le jeune Victor Colombani, président des lycéens, qui est âgé de seize ans et qui, sans jamais s’énerver, tenait tête aux ministres, à la télévision, les faisant passer, EUX, pour des demeurés. Ce qui est toujours réjouissant, mais pas forcément étonnant.

Mais Victor est trop connu pour que j’insiste. Parlons plutôt de Graeme Taylor.

Graeme vit à Howell, au Michigan, et il a 14 ans. Il est ouvertement homosexuel, et il est devenu célèbre instantanément, non pas en mettant le feu à son lycée ou en poignardant une institutrice comme il eût été normal, mais en prenant la défense d’un de ses professeurs, Jay McDowell, qui a été suspendu pour avoir exclu un élève, auteur de remarques anti-gays, quelques jours plus tôt, en plein cours d’économie.

Il faut dire que ce professeur indigne avait commis, en outre, l’horrible crime de porter un tee-shirt mauve, pour rendre hommage à ces jeunes gays dont on a beaucoup parlé en septembre, puisqu’ils se sont suicidés après avoir été harcelés. Or l’élève exclu s’était violemment moqué du professeur, dont le cas était pendable, reconnaissons-le, puisqu’il avait auparavant demandé à une élève de retirer sa ceinture flanquée du drapeau confédéré (le symbole du sud esclavagiste).

Bref, exclusion du professeur antiesclavagiste et adversaire de l’homophobie, prononcée par le conseil d’administration du lycée. Il n’empêche que, comme devant un tribunal, il a trouvé un défenseur inattendu, le jeune Graeme, qui a, sans note aucune, prononcé un plaidoyer qu’on peut voir en vidéo ici, et que je vous engage à voir si vous ne voulez pas que je vous retire le bonjour. Vous verrez aussi, mais sans aucune traduction, son passage ensuite à la télé, dans un talk-show tenu par l’actrice Ellen Degeneres, elle-même homosexuelle, qui lui a remis une bourse de dix mille dollars pour l’aider à continuer ses études. Le garçon n’a rien d’un petit monstre, il est d’une aisance remarquable et montre une grande conviction. On croirait presque qu’aux États-Unis, il peut exister des êtres intelligents.

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