Hadopi inspire les escrocs

Publié le par Yves-André Samère

Ça y est, la loi Hadopi commence à inspirer les escrocs. On sait que cette loi oblige chacun de nous, non pas à cesser de télécharger illégalement, puisque c’est matériellement impossible de nous y obliger (les sites d’achats de logiciels par téléchargement, ainsi que les sites LÉGAUX d’écoute de musique en ligne ou de visionnage des bandes-annonces de films – qui ne sont que des publicités –, interdisent de rendre le téléchargement illégal), puisque, donc, on ne peut nous empêcher de télécharger, mais qu’elle prétend, cette loi, nous empêcher de permettre le téléchargement d’autrui À PARTIR de notre ordinateur et sans notre autorisation. J’ai déjà évoqué le sujet et surtout son absurdité : on peut vous punir parce que quelqu’un est venu se servir chez vous à votre insu !

Bref, Hadopi veut rendre obligatoire, pour chacun, de protéger son ordinateur contre les intrusions. Et pour cela, rendre également obligatoire d’acheter un logiciel de protection. L’ennui, c’est que, jusqu’ici, elle a été incapable de définir les caractéristiques d’un tel logiciel ; qui, par voie de conséquence, n’existe pas encore ! Résumons : on peut vous punir de ne pas avoir acheté un logiciel encore inexistant...

Inutile de dire que cette faille, connue depuis longtemps, non seulement fait se frotter les mains des avocats, qui voient se pointer à l’horizon quelques jolis procès gagnés d’avance, mais a aussi inspiré les escrocs dont je parlais plus haut. Et hier matin, sur France Info, un journaliste spécialisé dans l’informatique, Jérôme Colombain, faisait un reportage consacré à ces prétendus « logiciels de sécurisation », censés permettre aux abonnés à Internet d’éviter que leur accès en wifi soit utilisé par un voisin bien intentionné. Et, citant le logiciel ISIS, vendu par la société H2DS, installée dans le Pas-de-Calais, pour le prix modique de 29 euros, il interrogeait le PDG de ladite société, Christophe Painset, lequel expliquait que son logiciel de filtrage, non seulement faisait le travail, mais qu’il fallait acheter une licence pour chaque poste à « sécuriser ».

Et là, réfléchissons un instant. Si CHAQUE ordinateur à sécuriser doit avoir une licence pour se servir d’ISIS, cela signifie que l’ordinateur du voisin pirate, légalement, devrait aussi payer la licence ! On imagine très bien les pirates se précipitant chez monsieur Painset pour lui acheter une licence. Mais je plaisante, évidemment.

Là où je ne plaisante pas, c’est que le logiciel ISIS ne correspond à aucune spécification légale, puisque ladite spécification devrait, mais nul ne sait quand, être établie par une mission que préside le professeur Riguidel, mission qui pourrait être prolongée sans qu’on sache jusqu’à quand. Par conséquent, le fabricant d’ISIS induit en erreur les consomateurs en prétendant leur vendre un bidule bien incapable de faire un travail qui n’a pas été défini.

La direction d’Hadopi a d’ailleurs réagi et envoyé une lettre recommandée à la société H2DS, pour la mettre en demeure de cesser sa publicité mensongère, et la menacer de poursuites si elles n’obtempérait pas. Sanctionner des innocents, passe encore, mais leur faire les poches, c’est outrepasser les limites. Seul le gouvernement a le droit de nous dépouiller.

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