Haro sur le jus d’orange !
Ils ont raison, les écologistes : nous sommes d’affreux gaspilleurs. Du reste, on nous le répète quotidiennement, par la voix de ces parangons de sagesse dont le dernier fut Yann-Arthus Bertrand, avant-hier sur France Inter. Cet homme, qui a si intelligemment fait fortune en photographiant la Terre depuis un hélicoptère dont il ne descend que pour venir dans les radio-télés faire la publicité de ses œuvres prises de là-haut, nous l’a redit : il faut faire un geste pour la planète.
(J’adore cette expression, « faire un geste pour la planète ». J’avais bien pensé à un geste particulier, moi aussi, mais je souffre en ce moment d’un tennis elbow au bras droit, comme quoi Churchill avait raison, il faut fuir le sport).
Donc, suivons tous l’exemple du moustachu volant. À propos, quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi tous les écolos sont moustachus ? Yann-Arthus Bertrand, José Bové, Noël Mamère, Christophe de Margerie, la mère de Térébentine Duflot ? Ils économisent aussi la mousse à raser ?
Bref, et puisqu’il ne se passe guère de jour sans qu’un grand humaniste – n’est-ce pas, Stéphane Bern ? – vienne proclamer dans un micro que, c’est fini, il ne prend plus de bains, mais seulement des douches, j’ai décidé de lancer une action en vue de faire prohiber dans nos foyers le jus d’orange. Attention, pas de confusion : j’aime beaucoup le jus d’orange. Mais enfin, comment obtenez-vous ce jus d’orange que vous servez le matin, au petit-déjeuner, à vos enfants qui préfèreraient certainement le Coca-Cola ? Eh bien, pour un simple verre, vous pressez au moins trois ou quatre oranges, puis, cela fait, vous jetez la pulpe ! C’est moral, ça ? Si nous en faisions autant avec nos hommes politiques, nos poubelles déborderaient de giscards, de chiracs, voire de chevènements, de jospins ou de jacquesdelors. Vous avez vu le prix des oranges, sur les marchés ?
Donc, la consigne sera : si vous achetez des oranges et que vous les pressez pour en extraire le jus, vous êtes priés, ensuite, d’ingurgiter la pulpe. Voire la peau ! La survie de la planète est aussi à ce prix.
(Ou alors, récupérez ce qui vous indiffère, faites un colis, et envoyez-le en Afrique. Après tout, pendant la Deuxième Guerre mondiale, et c’est authentique, on mettait bien de côté le papier argenté qui enveloppait les tablettes de chocolat, « pour sauver les petits Chinois ». Je n’ai pas compris en quoi ce geste, là aussi, les sauvait. Il n’y a plus beaucoup de petits Chinois à sauver, mais des petits Africains, il en reste, que le sida et le paludisme n’ont pas encore ratiboisés)