Ignorer la loi ?
Quand on aime pointer les absurdités, le téléchargement illégal de la musique ou de la vidéo sur Internet est un terrain de chasse idéal, car la justice s’en donne à cœur joie. Par exemple, dans l’histoire qui suit.
Aux États-Unis, une jeune fille avait téléchargé illégalement trente-sept morceaux de musique. Elle fut dénoncée par un site de mouchardage – comme celui dont l’honnête Thierry Lhermitte s’est rendu propriétaire –, et le syndicat des éditeurs de musique la traîna en justice, réclamant 750 dollars par titre téléchargé, donc 27 750 dollars. Devenue adulte, elle dut subir son procès, où elle argüa qu’elle ignorait si les fichiers téléchargés par elle étaient ou non téléchargeables légalement. Concaincu par cet argument, le tribunal ne la condamna qu’à deux cents dollars par titre, elle devait par conséquent payer 7400 dollars aux éditeurs de musique.
Mais ceux-ci firent appel, et la cour d’appel estima que la jeune femme n’était pas de bonne foi. Pourquoi ? Parce que les enregistrements vendus dans le commerce portaient une étiquette avertissant qu’ils ne devaient pas être illégalement acquis – ce qui était une évidence quand Internet n’existait pas encore. Elle fut donc condamnée plus sévèrement.
Vous voyez où est l’absurdité ? Oui, bien sûr ! Lorsque vous téléchargez un morceau de musique sur Internet, où donc se trouve cette fameuse étiquette, puisque le morceau est récupéré sans sa pochette ? La Cour suprême des États-Unis a été saisie de ce cas pendable. Mais que d’argent dépensé en frais de justice pour une histoire à ce point idiote, dans laquelle on a oublié de convoquer le bon sens.