Indiana Jones au tribunal ?

Publié le par Yves-André Samère

Je vous ai déjà parlé des abus commis par les gens qui s’estiment, à tort ou à raison, propriétaires d’un droit sur tel ou tel objet – le mot objet pris au sens très large. Souvenez-vous de cette association de catholiques très à droite (pardon pour le pléonasme) qui avait attaqué en justice Costa-Gavras, parce que l’affiche de son film Amen. (oui, il y a bien un point dans le titre, après le mot ; ce n’est pas une faute de frappe, d’ailleurs je n’en fais jamais !), parce que cette affiche, disais-je, représentait la croix des chrétiens, légèrement déformée pour figurer le svastika des nazis. Ces zozos estimaient donc avoir des droits sur le symbole chrétien, et c’est le moment de ressortir la vieille plaisanterie de Coluche : et si Jésus avait été empalé ?

Eh bien, il s’est trouvé un hurluberlu pour porter plainte contre... Indiana Jones ! Très précisément contre le quatrième opus de la série de Lucas et Spielberg, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, sorti en 2008 – celui où Indiana Jones retrouve son fils. En effet, un certain Jaime Awe, archéologue et directeur de l’Institut d’archéologie du Belize (ce n’est pas un personnage de Molière, mais un petit pays d’Amérique Centrale, appelé autrefois Honduras Britannique, et qui comptait en 2010 la bagatelle de 314 522 habitants, un peu plus que la Corse et un peu moins que l’Islande), ce Jaime Awe reprochait à Lucasfilm, la société qui a produit le film, d’avoir utilisé la copie d’un trésor du Belize volé dans le pays. Selon lui, elle n’avait pas l’autorisation de montrer le crâne de cristal. Soit dit en passant, on en a fait sept copies pour l’une des scènes « magiques » du film, comme il y en a dans tous les films dont le professeur Jones est le héros.

L’hebdomadaire « Hollywood Reporter » écrit en effet que le véritable crâne a été découvert par la fille d’un aventurier dénommé F.A. Mitchell-Hedges, dans les ruines d’un temple au Belize, et emporté aux États-Unis dans les années 30. Ce crâne, qui mesure seulement 13 centimètres de haut, 18 de long et 13 de large, donc beaucoup plus petit que celui du film, serait le plus célèbre de quatre crânes similaires volés au Belize. Trois d’entre eux sont exposés à Londres, Paris et Washington. Celui de Paris se trouve au musée Chirac, quai Branly, mais, depuis cette affaire, on ne l’expose plus qu’exceptionnellement, sur place ou ailleurs, par exemple en 2011, au musée archéologique du Laténium, à Hauterive, en Suisse, à l’occasion d’une exposition intitulée « L’âge du faux ».

Dans sa plainte, déposée devant un tribunal de l’Illinois (capitale : Chicago), Awe accusait donc Lucasfilm d’avoir fabriqué sans aucune autorisation une réplique ressemblant au crâne du Belize. Et, surtout, de n’avoir jamais payé un kopeck au Belize, ce qui est bien, on s’en doute, le fond du problème. Le film ayant rapporté 786 millions de dollars, cela faisait des envieux. Mais, à ma connaissance, il n’y a pas eu de suite.

NB : la société Lucasfilm a été rachetée l’année dernière par Disney et Paramount Pictures, et vouloir obliger Disney à donner de l’argent, c’est une gageure.

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