Internet : une révolution dans un verre d’eau

Publié le par Yves-André Samère

Les gourous qui président au destin d’Internet viennent d’avoir une idée lumineuse, qui va satisfaire beaucoup de monde... et surtout les commerçants. On explique.

Tout le monde sait que les adresses des sites sur Internet, ainsi que les adresses électroniques, n’utilisent que ce qu’on appelle « les caractères ASCII » ; en d’autres termes, les caractères basiques, sans accents, ni trémas, ni tilde, ni cédille, etc. En clair, les seuls caractères de la langue anglaise, laquelle ne se permet aucune fantaisie. Ce qui a permis d’en limiter le nombre à, théoriquement, 128 (moins, en fait), et donc de n’utiliser qu’un seul octet pour les coder (un octet ne peut exprimer que les nombres de 0 à 255). Par exemple, le « A » est codé avec le nombre 65. Avantage : une économie d’espace, car, si on voulait coder TOUS les caractères de toutes les langues, il faudrait passer à l’étage supérieur et coder les caractères sur au moins deux octets (65536 possibilités, dans ce cas). D’ailleurs, cela existe avec le codage Unicode qu’utilisent les traitements de textes. Inconvénient : impossible, avec les caractères ASCII, d’avoir comme adresse de site un nom dont l’orthographe est respectée, s’il contient un caractère non-ASCII. Par exemple, l’Académie française ne peut pas utiliser son intitulé exact, tel Académie-française.fr, elle doit se contenter de academie-francaise.fr !

Dans leur grande bonté, les gourous dont je parlais plus haut ont décidé d’autoriser, à partir de l’année prochaine, tous les caractères exotiques dont les langues autres que l’anglais sont friandes. Nous pourrons donc inclure dans nos adresses, aussi bien celles des sites que nos adresses personnelles, des joyeusetés comme é, à, ç, œ, voire ñ ou, pourquoi pas ? ğ, Đ, š ou ǻ.

Oui, mais... Cela implique ceci : tous ceux qui avaient déjà un site ou une adresse électronique et voudront profiter de cet avantage devront modifier le nom qu’ils utilisent jusqu’ici. En ce qui concerne les adresses électroniques, celles dont nous nous servons pour notre courrier, aucun problème, ce service est partout gratuit, il suffira donc de créer sa nouvelle adresse et de le faire savoir à ses correspondants. Mais pour les noms de sites (les URL, pour les initiés), on devra payer ! En effet, lorsque vous désirez créer un site personnel, vous devez d’abord vérifier que l’intitulé que vous visez n’est pas déjà pris, puis acheter ce nom auprès d’un commerçant habilité à vous le vendre, un registrar. Ce sera, en fonction de l’extension désirée (com, fr, eu, uk, it, info, org, et ainsi de suite), de l’ordre de 10 à 15 euros par an.

Voilà qui va relancer un commerce déjà juteux.

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