Inventer une grotte
On sait plus ou moins que, si vous découvrez quelque chose, par exemple un site archéologique, il est courant de vous qualifier d’inventeur de votre découverte. Cela me semble un peu extravagant, mais il paraît que c’est légal (à vérifier).
C’est ainsi que les trois Français (Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hillaire), qui, le 18 décembre 1994, ont découvert la grotte Chauvet, dans l’Ardèche, sont reconnus comme les « inventeurs » de la grotte (excusez mon écriture, ma main tremble car je n’arrête pas de rire). Or cette découverte, qui aurait dû rester sur le terrain culturel, a en réalité donné lieu à une bataille de chiffonniers.
D’abord, les propriétaires des terrains où se trouve la grotte, dont le maire du patelin Vallon-Pont-d’Arc, se sont considérés comme propriétaires aussi de la grotte, et ont réclamé des sous sur ce qu’elle pourrait rapporter (en fait, elle ne rapporte rien, puisque sa visite est quasiment interdite, pour préserver les peintures). Généreux, l’État leur avait consenti une indemnité, celle correspondant à la valeur d’un terrain non constructible : environ 25 centimes de franc le mètre carré – même pas quatre centimes d’euros. Évidemment, ils ont hurlé et saisi le Conseil d’État, qui a décidé de les indemniser plus favorablement. Un procès à Toulouse leur a accordé 444,25 francs par mètre carré, soit 67,72 euros... mais la décision a été cassée !
Enfin, les trois « inventeurs » (pardon, je ne m’habitue pas), s’estimant, EUX, les véritables propriétaires de la grotte puisque découvreurs, réclament à leur tour trois millions d’euros, pour l’utilisation, non de la grotte, mais du nom de Chauvet.
Le croiriez-vous ? Les élus du coin leur ont déjà donné un million.
Et les peintres anonymes de la préhistoire ? On ne pourrait pas rechercher leurs descendants pour les faire profiter un peu de l’aubaine ?