J’aide un peu Sarkozy
Nicolas Sarkozy serait content de moi, s’il lisait ceci. Mais ma modestie naturelle, qui a dépassé le cadre de nos frontières, m’interdit de croire que cet immense ex-président gaspille son précieux temps (il n’a même plus celui de se raser) à lire mes petits écrits. Néanmoins, pour le mettre au courant, je compte sur Carlita.
Je suis en train de lire La princesse de Clèves. Pardon : de « relire », comme tout le monde dit (nous sommes environnés de fieffés menteurs). Or vous n’avez pas oublié que Sarkozy avait déclaré la guerre à ce roman de Marie-Madeleine de La Fayette, qu’évidemment il n’avait jamais lu. C’est comme jadis dans « Hara-Kiri, journal bête et méchant », avec le fameux slogan : « J’l’ai pas vu, j’l’ai pas lu, mais j’en ai entendu parler ». Or, si j’aime beaucoup ce livre qui donne dans la délicatesse et l’analyse profonde des sentiments, j’ai eu la surprise déçue d’y trouver une faute de français, à la page 33 de mon édition. On y peut lire en effet ceci : « Il la persuadait aisément que ce n’était pas de madame la dauphine dont il était amoureux ».
Je ne vais pas revenir sur cette faute ultra-répandue, puisque je vous en ai encore parlé la semaine dernière à propos du téléfilm de France 2 Ainsi soient-ils, et qui a été commise hier sur RTL, par le cher Loránt Deutsch, dans l’émission de Bern. Remarquez que Stéphane ne l’a pas corrigé, car, poli comme il est, il ne corrige jamais ses invités ; c’est à peine s’il reprend à l’occasion ce cancre de Régis Mailhot, qui, pourtant, mériterait plus qu’une correction... Non, je ne vais pas refaire un cours de français à mes lecteurs, qui sont des puits de culture (ou le sont devenus). Rappelons simplement à ceux qui n’étaient pas là que le pronom dont, qui remplace de qui, de quoi, duquel, de laquelle, desquels, desquelles, contient DÉJÀ la préposition de, et qu’il est par conséquent inutile de récidiver.
On ne peut pas douter que Sarkozy va me remercier. Peut-être en m’invitant au Bristol, voire au Fouquet’s.