Jules César dans « Secrets d’Histoire »
L’édition d’hier soir de Secrets d’Histoire, consacrée à Jules César, n’a pas plu à tout le monde, car elle était un peu trop dispersée. Par exemple, on a longuement évoqué l’éruption du Vésuve, ce volcan voisin de Naples, qui a enseveli sous ses cendres la ville de Pompéi (on a oublié Herculanum), en 79, soit largement plus d’un siècle après la mort de César. On était donc un peu hors sujet, c’est le moins qu’on puisse dire.
Néanmoins, l’émission a eu le mérite de dissiper une erreur courante : Jules César n’a jamais été empereur de Rome ! Il a été consul, puis dictateur à vie (ce terme n’avait pas le sens qu’il possède aujourd’hui), et l’empire n’a été instauré qu’après son assassinat, le premier empereur étant Octave, qui s’est rebaptisé Auguste.
De toute façon, César a été le plus grand homme de son époque : général vainqueur, politique, écrivain aussi, il est comparable à Churchill aux dix-neuvième et vingtième siècles. Son assassinat, sur le soupçon qu’il voulait être couronné roi, a été une grave dérive et entraîné une guerre de succession dont Rome n’avait pas besoin.
Au cours de l’émission, Stéphane Bern s’est fait assez discret, commentant comme toujours la visite des monuments datant de l’époque, mais s’appuyant beaucoup sur ce qui reste des décors construits à Cinecittá pour le feuilleton Rome (stoppé au bout de deux saisons, après un incendie), mais il a terminé son discours en avançant que Néron, de tous les empereurs de Rome, avait laissé le plus mauvais souvenir possible. C’est une erreur extrêmement répandue : Néron était très populaire, bon chef d’État, soucieux du bonheur du peuple, et, cas exceptionnel, il n’a livré aucune guerre durant son règne. Sa prétendue mauvaise réputation a été forgée après coup, uniquement par des littérateurs qui le détestaient, les historiens romains, pour raisons politiques car ils appartenaient à la classe des patriciens, autrement dit, l’aristocratie, que Néron a combattue tout sa vie ; à quoi il faut ajouter Racine et Henryk Sienkiewicz, l’auteur de Quo vadis ?, qui ne faisaient que de la littérature, et pas de l’Histoire. Les historiens d’aujourd’hui ne valident plus les inepties dont on l’a rendu responsable : incendie de Rome, assassinat de Britannicus, et autres fadaises. La vérité est que Néron, je le répète, aimait le petit peuple, et, après l’incendie, il a ouvert son palais, la célèbre Maison Dorée, aux sans-abri, organisant les secours et leur fournissant de quoi se nourrir.