La FIAC mystificatrice
La FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain), je n’y suis allé qu’une fois, quand elle se tenait dans la Cour Carrée du Louvre. Aucun souvenir, je suis allergique à tout ce que créent de laid ou de paresseux les artistes (je me demande si ce mot leur convient) que seule la mode soutient. Cette manifestation très cotée se tient chaque année au mois d’octobre, et le pognon y est roi ; l’art véritable, beaucoup moins. Je l’ai déjà écrit, mais c’est toujours bon d’enfoncer le clou : on n’est un artiste que si on bâtit soi-même son œuvre, au prix d’un travail acharné. Je n’aime pas beaucoup Picasso, mais ce peintre travaillait comme un galérien. Il y a peu de chances que vous ayez vu ce film de Clouzot, Le mystère Picasso. Le cinéaste avait posé sa caméra derrière un support translucide, un papier résistant qui avait, je crois, été huilé afin que les coups de pinceau – que le peintre, placé de l’autre côté, y appliquait – se voient par transparence. Le film n’enregistrait donc que les résultats de chaque mouvement, sans que le peintre soit visible, la séance avait duré des heures, où l’on pouvait voir l’artiste corrigeant sans cesse, peignant par-dessus ce qu’il avait déjà fait, se ravisant et rectifiant sans arrêt, et l’on voyait le tableau se faire, se défaire et changer d’aspect vingt, cinquante fois. À la fin, Picasso renonçait, parce qu’il estimait avoir raté son travail !
Et maintenant, souvenez-vous du ridicule plug anal de la Place Vendôme, cet énorme sac de plastique vert érigé à côté de la colonne Vendôme (un chef d’œuvre d’architecture, cette place, soit dit en passant), et qu’un anonyme a ruiné en débranchant la machine qui servait à y envoyer de l’air comprimé afin que ce machin tienne debout. Il était évident que ce genre de production simpliste relevait moins de l’art que de la puérilité donnant la main au nihilisme et à la vulgarité, et il fallait la bêtise crasse d’Anne Hidalgo pour donner sa bénédiction à cette horreur et en faire la publicité. Car le premier effet recherché, c’était le scandale, digne des outrances grossières d’un dadais poussé par le désir d’embêter ses parents en disant des gros mots. De ce point de vue, l’entreprise, simple trouvaille provocatrice, a réussi, et le charlatan qui a inventé cette chose y a gagné une auréole de martyr que jamais son absence de talent ne lui aurait rapportée.
Normal : les amateurs d’art contemporain, la plupart intoxiqués de branchitude et ne voyant plus la laideur, ont une telle crainte de rater le dernier métro, et de se voir taxer de passéisme, qu’ils gobent n’importe quelle pitrerie relevant de l’épate-bourgeois.