La liberté à la mode algérienne

Publié le par Yves-André Samère

Avant que les Français en fassent une de leurs provinces, l’Algérie n’avait jamais été un pays indépendant. C’était auparavant une colonie turque, mais elle avait aussi connu, bien plus tôt, la main de fer des Romains. Quant à « la nation algérienne », elle est née de la guerre d’indépendance, mais n’existait pas non plus avant cela. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le chef de la rébellion, Ferhat Abbas, qui l’a écrit dans un livre.

À partir du 5 juillet 1962, le pays est devenu indépendant, et ses nouveaux chefs choisirent de le baptiser « République Algérienne Démocratique et Populaire ». En fait de démocratie, les malheureux Algériens eurent droit à une dictature militaire qui, sous une forme ou sous une autre, dure encore : Boutefliqa, le président actuel, était DÉJÀ ministre des Affaires Étrangères dès après l’indépendance, il y a plus de cinquante ans, et, redoutable affairiste, il n’a pas mis longtemps avant de devenir milliardaire...

Toujours est-il que la liberté, les Algériens, qui en avaient assez peu avant l’indépendance (il y avait tout de même des journaux lorsque la France était là, et même un journal communiste, « Alger Républicain » !), n’en eurent plus du tout ensuite : parti unique oblige.

Le parti unique, le FLN, a fini par céder du terrain sous la poussée islamiste, plusieurs partis existant de nos jours, mais la liberté des Algériens est loin d’être totale. Ainsi, le 17 février 2011, le gouvernement a fait passer une loi qui « soumet au préalable à l’approbation du gouvernement » tout film qui traiterait de « la guerre de libération nationale » – la fameuse guerre d’Algérie. Responsable de la censure, le ministère des Moudjahidin, c’est-à-dire des anciens combattants. Pas question, pour un réalisateur, de seulement évoquer le signataire des accords de cessez-le-feu signés à Évian le 19 mars 1962, par exemple.

Quand je vous dis que tout le monde en a honte, de ces accords !

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