La médecine nous dépasse !
La Sécurité sociale compte plusieurs branches, dont la plus connue est l’Assurance maladie. Or, concernant les tarifs pratiqués par les médecins, les relations de l’Assurance maladie avec les toubibs ont connu trois périodes.
Avant 1971, la question des honoraires des médecins était laissée à l’initiative des conventions départementales. Il y avait donc autant de situations différentes que de départements !
Entre 1971 et 1980 (en gros, sous Pompidou et Giscard), on eut la seule période de l’histoire de la Sécu où les honoraires de docteurs ne connaissaient pas les dépassements : ils faisaient payer les malades selon le tarif fixé par la Sécurité sociale. C’était trop beau pour durer.
Après 1980 et jusque aujourd’hui, c’est l’anarchie totale : les honoraires dits « libres » ne sont encadrés que par une prétendue exigence déontologique de – je cite – « tact et mesure » (sic). Autant dire que c’est la jungle.
Actuellement, on observe 2,5 milliards d’euros d’honoraires avec dépassement contre 18,4 milliards d’euros sans dépassement, et cela empire de jour en jour. À l’exception des maladies de longue durée et des hospitalisations, les soins ne sont plus remboursés, en moyenne, quà 55 %. Naturellement, les premiers touchés sont les pauvres, et parmi eux les étudiants : la Mutuelle des Étudiants, dans sa dernière enquête sur le sujet, révèle que 34 % d’entre eux renoncent à se faire soigner pour raison financière (et 19 % d’entre eux n’ont pas de mutuelle du tout).
Les médecins généralistes ne sont que 11 % à pratiquer les tarifs « libres », mais les spécialistes sont 60 % dans ce cas. La médecine de classe est en marche !