La « plus belle avenue du monde » (sic)
Le défilé militaire pour la Fête Nationale à Paris a donné aux journalistes l’occasion de ressortir la vieille scie, selon laquelle il se déroule chaque année sur « la plus belle avenue du monde ».
Pourtant, interrogez un étranger : jamais il ne citera cette expression pour désigner les Champs-Élysées ! Qu’est-ce donc qui rend les Français si vaniteux ? Rappelons que la vanité, cela consiste, non pas à être fier d’une qualité que l’on possède, mais à se vanter d’une qualité qu’on n’a pas. Or, en quoi les Champs-Élysées seraient-ils si beaux ? Bordés de cafés et de vitrines d’un style médiocre et pas si luxueuses qu’on le croirait, ont-ils au moins la supériorité de la perspective la plus longue au monde ?
Soyons précis. De l’Arc de Triomphe à la place de la Concorde, ainsi que je l’ai rappelé dernièrement, il n’y a que deux petits kilomètres : 1,2 kilomètre pour l’avenue proprement dite, jusqu’au Rond-Point, puis 750 mètres pour les jardins, où donne le palais de l’Élysée. Allez donc voir à Madrid, où la Castellaña, qui traverse quasiment toute la capitale espagnole en ligne droite, mesure un peu plus de... six kilomètres. Enfoncés, les Champs-Élysées ! Et je ne sache pas que les New-Yorkais soient si honteux de leur Cinquième Avenue, qui mesure dix kilomètres et demi et ne passe pas pour une humble venelle, sans luxe ni grandeur (elle borde tout de même Central Park).