Le mythe de la classe surchargée
C’est la tradition : les instituteurs et les professeurs DOIVENT se plaindre que les classes sont « surchargées ». Manquer à ce devoir sacré serait une trahison. En outre, se plaindre est une tradition nationale, et s’avouer content de son sort, soit un acte de folie, soit un manque de solidarité envers ceux qui souffrent d’être obligés de travailler, et qui jugeront que vous êtes évidemment un traître la solde du Pouvoir.
Mais qu’est-ce qu’une classe surchargée ? Là, les avis divergent, attendu que, même si vous avez seulement douze élèves, il est nécessaire que vous vous plaigniez d’être débordé, sans quoi vos collègues vous regardent de travers. Or le ministère de l’Éducation nationale – le mammouth, selon Allègre, qui n’avait pas tout à fait tort – a constaté que, dans les collèges, le nombre moyen d’élèves était de 27,1 en 1980, mais n’était plus que de 24 en 2010. Et donc, objectivement, le nombre d’élèves par classe a diminué en trente ans de 11,5 %. Il faut aussi remarquer qu’en 2007, par exemple, on a ouvert davantage de classes qu’on en a fermé, ce qui n’est pas sans conséquence sur les effectifs moyens.
La classe surchargée est donc un mythe... chez nous. Je conseille aux gémisseurs d’aller voir ce qui se passe en Afrique. Ainsi, en Côte d’Ivoire, les classes de... cent élèves sont quasiment la norme ! Vous me direz que les enfants africains sont plutôt paisibles, comparés aux chères têtes blondes que les Français mettent sur le marché. De sorte que faire classe à une centaine de jeunes Ivoiriens est une sinécure, pour qui a supporté auparavant une poignée de petits Gaulois.