Le plaisir de tuer
Dans « Le Canard enchaîné » de cette semaine, en sa page 6 où l’on traite des livres, on peut lire le compte-rendu qu’Anne-Sophie Mercier fait d’un essai, Soldats (titre original : Soldaten - On fighting, killing and dying), traduit en français et publié chez Gallimard, signé par Sönke Neitzel et Harald Welzer (une coquille absurde a fait écrire « Hararol », qui est, semble-t-il, un nom japonais n’ayant rien à voir avec le sujet). Ce livre est une retranscription de récits faits par les soldats de la Wehrmacht – une petite partie des récits, car il y en avait 150 000 pages !
Le plus intéressant montre que la guerre n’a pas seulement le petit inconvénient de tuer des gens, elle a aussi celui de transformer celui qui tue – ce que Kubrick avait très bien montré dans son film Full metal jacket –, et l’un de ces soldats, le lieutenant d’aviation Pohl, à qui on a donné l’ordre de tuer, raconte ceci : « Le premier jour, ça m’a paru effroyable, alors je me suis dit : et merde, c’est un ordre. Les deuxième et troisième jour, j’ai dit : je n’en ai rien à foutre. Et, le quatrième jour, j’y ai pris du plaisir ».
Cela m’a rappelé un film, puisque TOUT me rappelle un film. Je ne crois pas que beaucoup de spectateurs l’aient vu, car il n’a eu aucun succès, et c’est grand dommage. Cela s’intitulait Ordinary people, c’était l’œuvre d’un acteur, scénariste et réalisateur serbe, qui n’a fait que deux films, Vladimir Perišic’, et j’en ai parlé ICI. Il avait écrit le scénario avec une scénariste française assez connue, Alice Winocour, et le film, qui date de 2009, ne peut pas avoir été inspiré par le livre dont je parle plus haut et qui est récent.
Si vous lisez mon compte-rendu du film, vous trouverez la coïncidence assez frappante. Comme quoi, d’une époque à l’autre et d’un pays à l’autre, les êtres humains ne changent pas beaucoup.