Homosexuel, le plus grand poète arabe
Je connais assez bien les pays arabes, la mentalité de leurs habitants, et... leurs contradictions. Elles sont multiples, et la plus surprenante est sans doute celle qui concerne l’homosexualité (elle frappe aussi l’Afrique Noire).
Dans ces pays, un refrain circule sans cesse : « L’homosexualité n’existe pas chez nous. C’est un vice des Occidentaux, des mécréants (variante : des Blancs), mais ce n’est pas dans notre culture. Nous sommes musulmans, nous craignons Dieu. Les autres sont des chiens d’infidèles ». Et lorsque le sida est apparu il y a plus de trente ans, c’était la même chose : le sida, c’est le Syndrome Imaginaire pour Décourager les Amoureux, c’est une maladie de pédé, nous sommes à l’abri parce que nous, nous sommes NORMAUX.
Moyennant quoi, les pays africains sont ceux qui connaissent le plus de ravages de ce syndrome imaginaire.
Or le poète arabe le plus populaire, celui dont même les enfants connaissent les œuvres, et les récitent, c’est Abou Nawas (747-815), qui, en fait, est né en Iran mais d’un père arabe, et a vécu toute sa vie à Bagdad (il est d’ailleurs mort en prison). Et que dit Abou Nawas, à une époque où l’islam existait déjà ? Qu’il aime le vin et... les garçons, que tout cela l’enchante, et qu’il n’y renoncerait pour rien au monde. Je ne peux pas résister au plaisir (pervers, bien entendu) de citer ce poème de lui, intitulé Au bain maure :
Ce que les pantalons ont caché se révèle.
Tout est visible. Rince-toi l’œil à loisir.
Tu vois une croupe, un dos mince et svelte
Et rien ne pourrait gâcher ton plaisir.
On se chuchote des formules pieuses…
Dieu, que le bain est chose délicieuse !
Même quand, venant avec leurs serviettes,
Les garçons de bain ont troublé la fête.
Les Arabes sont rétrospectivement fiers de ce poète, sans négliger les autres auteurs qui ont écrit de pareilles choses, comme Al-Jahiz (781-869), Ibn Arabi (1165-1240) ou Ibn Hazm (994-1064). Allez donc comprendre...
Le plus fort est que les élucubrations de ceux qui nient l’homosexualité arabe sévissent par contre-coup en France, et cela se traduit par ce discours sur les banlieues, dites « quartiers populaires », dans lesquelles, c’est évident, il n’y a jamais eu le moindre pédé ou la moindre gouine au sein de la fameuse diversité dont se gargarisent nos élus. Là, le mariage pour tous risque de rester En terre inconnue, comme dirait Frédéric Lopez !