Le prendre vivant ? Balivernes !
Pour une fois, offrons-nous les beautés du direct : je date la présente notule. Donc, je commence à écrire ce texte le jeudi 22 mars 2012 à 8 heures et quart. Et, à ce moment précis, le tueur de Toulouse (non, je ne vais pas tomber dans le ridicule d’écrire « le suspect », comme ils disent tous) est toujours vivant, comme le canard de Robert Lamoureux, et dûment assiégé, dans un immeuble vide et un appartement sans eau, ni gaz, ni électricité.
Guéant, mini de l’Inter, a déclaré qu’il espérait que le tueur serait pris vivant, et tout le monde va dire la même chose. N’en croyez rien : tout le monde, bien au contraire, espère qu’il se suicidera ou sera abattu, par exemple « alors qu’il tentait de s’enfuir », selon la terminologie habituelle.
C’est qu’en effet, le prendre vivant et le juger, personne n’en a envie, et lui-même, sans doute pas : il sait très bien qu’en prison, les tueurs d’enfants ne font pas de vieux os, et même les pires criminels sont d’avis qu’on doit leur faire la peau. Quant au personnel politique, il sait très bien lui aussi qu’un terroriste mis en prison, cela ouvre la voie au scénario classique, ses amis prenant des otages, menaçant de les tuer, réclamant la remise en liberté de leur compagnon de lutte, et finissant par obtenir satisfaction. Cela s’est déjà produit, a scandalisé la population, mais il a été impossible d’agir autrement.
Quant à la perspective d’un procès public et du déballage qu’il entraînerait, vous plaisantez ? Qui en a envie ?