Le prendre vivant ? Balivernes !

Publié le par Yves-André Samère

Pour une fois, offrons-nous les beautés du direct : je date la présente notule. Donc, je commence à écrire ce texte le jeudi 22 mars 2012 à 8 heures et quart. Et, à ce moment précis, le tueur de Toulouse (non, je ne vais pas tomber dans le ridicule d’écrire « le suspect », comme ils disent tous) est toujours vivant, comme le canard de Robert Lamoureux, et dûment assiégé, dans un immeuble vide et un appartement sans eau, ni gaz, ni électricité.

Guéant, mini de l’Inter, a déclaré qu’il espérait que le tueur serait pris vivant, et tout le monde va dire la même chose. N’en croyez rien : tout le monde, bien au contraire, espère qu’il se suicidera ou sera abattu, par exemple « alors qu’il tentait de s’enfuir », selon la terminologie habituelle.

C’est qu’en effet, le prendre vivant et le juger, personne n’en a envie, et lui-même, sans doute pas : il sait très bien qu’en prison, les tueurs d’enfants ne font pas de vieux os, et même les pires criminels sont d’avis qu’on doit leur faire la peau. Quant au personnel politique, il sait très bien lui aussi qu’un terroriste mis en prison, cela ouvre la voie au scénario classique, ses amis prenant des otages, menaçant de les tuer, réclamant la remise en liberté de leur compagnon de lutte, et finissant par obtenir satisfaction. Cela s’est déjà produit, a scandalisé la population, mais il a été impossible d’agir autrement.

Quant à la perspective d’un procès public et du déballage qu’il entraînerait, vous plaisantez ? Qui en a envie ?

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
J’ai surtout insisté sur le fait que personne n’avait envie d’un procès – quoique, officiellement, on prétende le contraire.<br /> <br /> Le tueur lui-même préférait la mort. Il savait très bien le sort qui l’aurait attendu en prison. À supposer que ses compagnons d’incarcération lui laissent la vie, à 23 ans, en taule, on se fait<br /> violer toutes les nuits, entre autres.
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D
J'ai bien dit que sans doute les forces de l'ordre ne pouvaient pas faire autrement.<br /> Faire faire des économies aux contribuables ? Il me semble qu'il y a d'autres façons de faire des économies que d'exécuter des gens sans procès. Il faudrait, et c'est toujours là le problème, que<br /> la personne visée le soit dans de "justes intentions", ce qui n'est pas forcément le cas. Un vieux proverbe dit bien "qui veut tuer son chien l'accuse de la rage". Les dérives sont tentantes, pour<br /> des raisons personnelles, idéologiques, politiques...
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Y
Il était lourdement armé, a tiré sur les policiers, en a blessé. On ne pouvait guère s’attendre à l’amadouer avec de bonnes paroles. C’est qu’enfin, après s’être vanté d’avoir « mis la France<br /> à genoux », il avait suffisamment annoncé sa détermination de continuer à tuer. Ne pas prendre les devants, c’était s’exposer à voir commettre d’autres crimes, et tuer d’abord les policiers<br /> qui l’assiégeaient.<br /> <br /> Abattre un homme sans procès ? Mais c’est très courant de la part des services secrets. La plupart des pays modernes utilisent la méthode, qui permet de gagner du temps et d’économiser<br /> l’argent des contribuables.
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D
J'entends bien. Cependant, un procès aurait pu établir sa culpabilité, les ramifications (les armes, où se les est-il procurées ?), avec certitude à charge et à décharge, même si les charges sont<br /> évidentes. Là, c'est l'application de la peine de mort sans jugement.<br /> Théoriquement, la République doit protection et justice à tous ses citoyens, même les plus détestables.<br /> Peut-être que les forces de l'ordre n'ont pas pu faire autrement, je le conçois. Mais c'est triste.
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Y
Que la police ? Pas tout à fait. Il a dit au téléphone qu’il regrettait de n’avoir pas tué davantage. On ne profère pas ce genre de choses quand on est innocent. Ne pas oublier qu’il a téléphoné de<br /> nuit à une journaliste de France 24, et que la conversation, où il apparaissait très déterminé à tuer encore (il a même dit où), a été enregistrée.<br /> <br /> Et puis, j’explique que sa peine de prison, il ne l’aurait pas faite. Soit parce qu’un chantage aurait forcé la Justice à le libérer, soit parce que ses compagnons de taule lui auraient passé le<br /> goût du pain. Il y a des précédents, et dans les deux hypothèses.
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D
Il n'y a que la police qui dit que c'est lui. Un procès aurait établi s'il était vraiment coupable, et il aurait écopé d'une peine rendue en notre nom.<br /> Il est à peu près midi, et on sait qu'il a été tué. Cela me désole.<br /> Il en aurait certainement bavé en prison. Il le savait.
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