« Le roi, l’écureuil et la couleuvre »
La seconde – donc dernière – partie du téléfilm Le roi, l’écureuil et la couleuvre, diffusée hier soir sur France 3, ne valait ni plus ni moins que la première. Son principal défaut était sans doute de seulement effleurer le sujet, qui aurait mérité des développements considérables, vu la carrière extraordinaire du personnage. Aussi est-il fait allusion à des épisodes réels, mais que le public connaît peu.
J’ai relevé une erreur de date : Fouquet ayant été condamné le 21 décembre 1664, le carton qui suivait à l’écran, et qui affirmait « Dix-huit ans plus tard » – alors que Fouquet est montré bien vivant et en bonne santé à la foreteresse de Pignerol –, est saugrenu, dans la mesure où cela nous amènerait à 1682. Or Fouquet est censé mourir le 3 avril 1680 ! Le téléfilm semble par ailleurs suivre la thèse selon laquelle il aurait été empoisonné par le valet qu’on lui avait attribué, un certain Eustache Dauger (le film dit « Eustache Danger »), mais cette thèse n’a aucun fondement.
Un détail curieux à propos de ce Dauger : certains ont voulu faire de ce valet... le Masque de Fer, et Marcel Pagnol, qui a écrit un livre complètement farfelu sur ledit Masque de Fer, gaspille la moitié de ses pages pour s’évertuer à prouver que Dauger ne pouvait pas être ce personnage. Un peu de bon sens aurait suffi : pourquoi diable Louis XIV aurait-il fait tenir au secret et dépensé des fortunes pour dissimuler l’existence d’un simple valet ? Il n’aurait pas pris tant de gants.
Et puis, rien ne prouve que Fouquet soit bien mort à la date officielle. On n’a qu’une lettre du ministre Louvois à la famille du prétendu défunt, et le corps ne lui a pas été rendu avant d’être dans un tel état de décomposition, que toute identification était devenue impossible. Fouquet aurait très bien pu être le véritable Masque de Fer, qui est justement apparu dans les documents de l’époque à cette date précise. Certes, cela l’aurait fait mourir à l’âge de 88 ans, puisque le Masque de Fer est mort à la Bastille le 19 novembre 1703, mais quoi d’extraordinaire ? Fontenelle est bien mort à cent ans ! Et dissimuler sa survie, cela avait un sens. C’est d’ailleurs le thème d’un livre de Pierre-Jacques Arrèse. Mais il y a des hypothèses plus burlesques : le Masque de Fer aurait été, soit Molière, soit d’Artagnan ! Défense de rire...