Les Charlots font l’Hadopi
On rigole, on rigole ! Le prince qui nous gouverne, et qui a si longtemps ramé pour tenter de se concilier les artistes (autres que Mireille Mathieu, Faudel et Enrico Macias – je ne compte pas Doc Gynéco), a mis en œuvre la grandiose réalisation de son quinquennat : la loi Hadopi, censée empêcher les pirates de s’approprier musiques et films sur Internet.
Il paraît que la loi est prête, et que la commission Hadopi ne l’est pas moins. En tout cas, elle se dit parée pour envoyer des messages électroniques aux délinquants, car, disent les journaux, « un long et beau travail a été fait avec les fournisseurs d’accès à Internet ». Il se trouve que le plus ancien des fournisseurs français d’accès à Internet est associatif, qu’il s’appelle French Data Network (FDN), et que son président, Benjamin Bayart, ne mâche pas ses mots sur ce long et beau travail : « Nous, FDN, n’avons pas été contactés, et n’avons travaillé sur rien ». Et il propose deux hypothèses : soit la commission Hadopi ment comme une armée d’arracheurs de dents, soit elle a tiré dans un chapeau les noms des fournisseurs d’accès auxquels elle imposerait l’application de la loi, oubliant tous les autres.
Il s’ensuit que les abonnés de FDN sont à l’abri des envois de messages avertisseurs... et des poursuites ! Notons en riant dans notre barbe que c’est justement la situation en Grande-Bretagne : chez les sujets de la Queen, le régulateur des télécommunications a explicitement exonéré les fournisseurs de moins de 400 000 abonnés, qui, du coup, vont pouvoir pirater à tire-larigot.
Enfin, ce qu’on oublie régulièrement de dire, c’est que ce travail d’identification des pirates, et les réquisitions judiciaires qui devraient logiquement suivre, coûtent de l’argent, et qu’on n’a toujours pas décidé qui règlerait la facture ! Les fournisseurs d’accès paieraient pour dénoncer leurs clients ? Rions...