Les convictions de « mère » Teresa

Publié le par Yves-André Samère

Mes amis – je parle des vrais, ceux que je connais, pas ce genre d’amis à la mode de Facebook – connaissent la très haute considération que je porte à « mère » Teresa, autrement dit Anjezë (prononcez « Agnès ») Gonxhe Bojaxhiu, cette Albanaise naturalisée indienne, que Jean-Paul II, serial béatifieur, a déclarée « bienheureuse » (sic) en 2003, alors que des gens qui ne s’en laissent pas compter (Christopher Hitchens, Aroup Chatterjee, Sanal Edamaruku ou Michaël Parenti) ont su dévoiler à quel point cette femme était méchante, impitoyable, vaniteuse et partiale.

Voici un exemple de la cohérence dont cette mégère, vraie suppôt de l’extrême droite, savait faire preuve... en laissant de côté ses convictions religieuses.

Le 24 novembre 1995 eut lieu en Irlande un référendum. Il s’agissait de demander aux Irlandais s’ils admettaient que le divorce fût légalisé. Cette proposition avait déjà été rejetée le 26 juin 1986, et l’Irlande était le dernier pays européen qui ne connaissait pas le divorce. Cette fois, la propositon fut adoptée, quoique à une faible majorité : 50,3 % contre 49,7 % (soit 9000 votes d’écart). Sans surprise, les votes ruraux furent en faveur du « Non », alors que la capitale, Dublin, était pour le « Oui ». Tous les partis politiques, de la majorité comme de l’opposition, avaient fait campagne pour la proposition, seule l’Église catholique y était opposée. Bref, la loi fut adoptée, puis inscrite dans la Constitution le 17 juin 1996, au titre du Quinzième Amendement.

La campagne des partis en faveur du « Oui » reposait sur deux constatations : d’une part, le pays devenait de plus en plus laïque, donc l’Église catholique ne pouvait décemment plus imposer ses vues à tout le monde ; et, d’autre part, la réunification de l’Irlande resterait une utopie si les protestants de l’Ulster, en forte minorité, en étaient dissuadés par la suprématie de ladite Église catholique. La campagne de l’Église catholique, elle, fut rude et utilisa tous les moyens. On fit venir de Calcutta la fameuse « mère » Teresa (je ne me lasse pas d’y mettre des guillemets, tant ce qualificatif est grotesque), et elle participa à la propagande des catholiques les plus réactionnaires.

Or, la même année, cette adversaire acharnée du divorce eut une tout autre occasion de s’exprimer : le 26 août 1996, le prince Charles d’Angleterre et son épouse Diana Spencer divorcèrent – Diana recevant une indemnité de 25,2 millions d’euros, plus une pension annuelle de 517 000 euros (elle mourut un an plus tard). Or, la religieuse de Calcutta déclara dans une interview « qu’elle espérait que son amie la princesse Diana serait plus heureuse » après son divorce. Ainsi, ce qu’elle prétendait interdire aux citoyens irlandais devenait une circonstance heureuse et bienvenue pour « son amie la princesse » (qui, d’ailleurs, ne l’était plus, princesse).

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