Ma chasse favorite
Journée faste, aujourd’hui, pour les chasseurs de fautes de français.
D’abord, ce matin, sur France Inter : un endroit classique, particulièrement giboyeux. Rapportant une erreur commise par Gilles Carrez, député de droite et spécialiste très actif sur la question de la fiscalité, mais ayant appliqué à sa déclaration d’impôts sur la fortune un rabais auquel il n’avait pas droit, un journaliste de cette radio a voulu faire le malin en employant un verbe qu’il connaît mal, comme cent pour cent de la population journaleuse, arguer. Il a donc dit que M. Carrez s’est défendu en arguant de ceci ou de cela, mais il a prononcé ce participe présent comme le nom du Malade imaginaire de Molière, c’est-à-dire Argan. Or on prononce ar-gÜ-ant, le U étant sonore, car ce mot est de la même famille que argUment. Passons, le gars a cette excuse d’être journaliste, donc cancre par vocation.
Et puis, j’ai ramassé tout à l’heure une autre faute de français dans le livre... d’un académicien. Il s’agit d’Érik Orsenna et de son livre La fabrique des mots – dommage, un livre sur la langue française ! C’est à la première ligne de la page 129, où je lis que « À peine débutée, l’histoire s’arrête faute de combattants ». J’en suis navré pour cet académicien, mais il va devoir s’acheter un dictionnaire : il n’en contribuera que mieux à la rédaction de celui de l’Académie. En effet, le participe passé débuté ne peut pas être employé comme adjectif, donc avec la fonction d’attribut, car il est celui d’un verbe intransitif. Je peux débuter, mais je ne peux pas débuter quelque chose, donc aucune chose ne peut « être débutée ».
Mais, après tout, j’avais bien trouvé une faute dans le Candide de Voltaire, quand il avait accordé au féminin le participe passé du verbe faire, employé comme auxiliaire dans la phrase. Vous savez, le genre elle s’est FAITE violer...
Revenons donc aux indispensables dictionnaires (les cons disent « incontournables »). Je sais bien qu’ils peuvent coûter cher, et lorsque j’ai acheté les éditions sur papier du Littré et du Larousse du XXe siècle, je sais ce que ça m’a coûté. Mais puisque vous me lisez, j’en conclus hardiment que vous possédez un ordinateur connecté à Internet, or on trouve tout ce qu’on veut, et gratuitement, en téléchargement sur Internet. En ce qui concerne le dictionnaire Littré, le meilleur qui vaille, il est ICI, c’est gratuit, et l’édition est très réussie, avec des tas de commodités que le dictionnaire sur papier ne peut pas vous fournir. Bien que, j’en suis certain, vous n’en ayez nul besoin, profitez-en !