« Médoc »

Publié le par Yves-André Samère

Comme tout Français, je savais que le mot Médoc désignait à la fois une région du département de la Gironde, sur la rive gauche de l’estuaire de la Garonne, et un vin réputé produit dans cette région. Je n’imaginais pas que ce mot puisse désigner autre chose.

Mais le dérapage à peu près généralisé du vocabulaire s’est accentué, sous l’influence des films sous-titrés ! En effet, la traduction des dialogues, tant au cinéma qu’à la télévision, est confiée à des individus en général peu cultivés, qui pensent que leurs propres tics de langage doivent être la norme. En clair, puisqu’ils farcissent de mots argotiques leur propre façon de s’exprimer, tout le monde doit en faire autant, et, en premier lieu, les personnages qu’ils font parler !

C’est ainsi que certains mots disparaissent peu à peu, et sont remplacés par leur équivalent issu de l’argot, inlassablement lu sur les écrans (ou entendu dans les dialogues, quand le film ou le téléfilm est doublé). Pas l’argot de Simonin, qui avait au moins l’avantage d’être pittoresque, mais l’argot du rappeur et du dealer. Un immense progrès, donc. Et le mot médicament, aujourd’hui, n’est plus guère utilisé que par les pharmaciens, la Sécurité sociale et le ministère de la Santé. À la place, on a imposé en force le mot médoc, sans rencontrer beaucoup de résistance de la part du public passif, qui en a déjà accepté bien d’autres. Jusqu’à la radio nationale, puisque j’ai entendu ce matin une publicité sur France Inter, dans laquelle une péronelle fictive se plaignait de son mal au dos et du fait qu’elle était obligée de se bourrer de « médocs » !

Mais n’a-t-on pas entendu, la semaine dernière, un ministre employer les mots boulot, bosser et je ne sais quelle autre platitude (job, je crois), pour parler de son travail au ministère ?

Comprenons-nous bien : je n’espère pas que tout le monde s’exprime comme on le fait encore, j’espère, à l’Académie française. Mais qu’au moins, dans les milieux officiels, on s’applique à parler simplement et correctement, ne serait-ce que pour donner le bon exemple aux enfants, puisqu’ils servent sans arrêt de référence aux adultes.

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