Mort de Bernard Thomas
Bernard Thomas, 75 ans, est mort dans le train, d’une crise cardiaque, il y a une dizaine de jours. Dans « Le Canard enchaîné », il tenait deux rubriques, celle du théâtre et celle de la télévision, toutes deux en page 7. Et, pour ne pas manquer à la tradition, il bénéficie, dans la page où il écrivait, d’une rubrique nécrologique élogieuse, signée d’Érik Emptaz, éditorialiste plutôt ennuyeux et co-rédacteur en chef de ce journal.
Ces rubriques saluant un décès sont toujours élogieuses, mais on sent ici le manque d’enthousiasme, et l’on soupçonne que Bernard Thomas n’était pas très apprécié. Je l’ai souvent croisé à France Inter, dans Le masque et la plume, où d’ailleurs il ne venait plus depuis quelques années. Il était impossible de ne pas comprendre qu’il jouait là le fumiste de service, car ses interventions montraient qu’il s’intéressait surtout aux jambes de la jeune première de la pièce dont il parlait, au contraire des autres critiques de cette émission qui, eux, font leur travail consciencieusement. Néanmoins, il se rattrapait dans « Le Canard », où ses papiers étaient nettement plus fouillés.
Là où le bât blessait, surtout, c’était dans ses chroniques sur la télévision. Il était assez évident qu’il ne la regardait pas, mais, comme tous les critiques, il recevait à l’avance le DVD de quelques émissions. Il en choisissait UNE, et recopiait le dossier de presse joint au DVD, l’agrémentant de quelques modifications visant à montrer qu’il avait vu ce dont il parlait. Mais j’avais parfois relevé quelques détails prouvant le contraire, et des erreurs qu’il ne rectifiait jamais, contrairement à la tradition du journal et de son « Pan sur le bec » !
Bref, de tous les critiques de télé au « Canard », il sera celui qu’on regrettera le moins.