Ne vous excusez jamais !

Publié le par Yves-André Samère

Dix fois, vingt fois par jour, nous nous excusons, nous demandons pardon. Mais ce ne sont pas des actes de contrition, ce sont de simples ponctuations de pure forme, insérées dans des propos banals : « Excusez-moi, je cherche la rue Quincampoix », ou « Pardon, mais je ne vois pas le prix de ce pull ». Jadis, dans un film, on a vu et entendu Darry Cowl, célèbre acteur comique, demander pardon à... un chien qui lui bouchait le passage et qu’il voulait contourner.

On ne devrait jamais s’excuser. À mes yeux, cette manie a été confortée par les catholiques, qui ont inventé la confession : on raconte ses « péchés », notion invalide dans les autres religions, à un curé, il vous donne une absolution automatique en pensant probablement à autre chose, et vous voilà « pardonné ». Quand bien même vous auriez tué quelqu’un, il n’a pas le droit de vous dénoncer, en théorie (Hitchcock en a fait un très bon film un peu austère, I confess – en français, La loi du silence), et vous êtes lavé de toute faute, en échange d’un regret de votre part, probablement simulé – ce que nul ne saura, hormis vous-même –, et qui ne vous engage à rien, puisque vous allez recommencer dans l’heure qui suit.

On ne devrait jamais s’excuser, car tout cela revient à formuler quelques mots assez vides de sens, et surtout de regrets. Une seule fois dans ma vie, j’ai été obligé de m’excuser, et je le regrette encore, quoique je ne pouvais pas faire autrement : quelqu’un ayant, de fait, autorité sur moi, et lui-même sous pression, me faisait un peu de chantage, or je risquais gros si je ne me soumettais pas. J’en rougis encore.

Que faire alors quand on a causé un tort quelconque à quelqu’un ? Pas le payer de mots, mais réparer si c’est possible. Des actes, pas des mots qui ne coûtent rien ! En somme, donner une vraie réparation. Pas des simagrées automatiques, dignes d’un robot.

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