Nuit blanche à Saint-Eustache

Publié le par Yves-André Samère

Je n’aurais jamais cru, entrant nuitamment dans une église, m’être trompé au point d’avoir par inadvertance frappé à l’huis du château de Dracula. C’est pourtant ce qui m’est arrivé hier soir.

En effet, ce samedi 5 octobre, c’était comme chaque année la fameuse Nuit blanche, inventée par Delanoë, maire de Paris, et son équipe, afin de faire mousser la prodigieuse municipalité que nous avons élue et réélue. Il est vrai que le pauvre Bertrand a failli regretter l’initiative, vu que, au cours de la première, il s’était fait poignarder par un fou !

J’avais préparé un petit programme de visites, en me limitant à mon quartier et au quartier voisin, ce qui m’a tout de même fourni une liste de vingt attractions nocturnes, dont je parlerai une autre fois. Et donc, sur le coup de neuf heures du soir, j’ai pris le chemin de la plus proche, qui avait lieu dans l’église Saint-Eustache.

Je vais souvent à l’église Saint-Eustache. Avant d’habiter le quartier, comme je descendais à l’hôtel, je venais le mercredi matin en ce lieu d’un calme exemplaire, et m’y plongeais dans « Le Canard enchaîné ». Cette église, qui n’est certes pas la plus belle de Paris, possède en revanche cet avantage d’être très lumineuse, et on n’y voit jamais un chat. Hier soir, au contraire, elle était plongée dans une obscurité assez poussée, et des foules s’y écrasaient, au point qu’il avait fallu instaurer un sens unique pour y entrer. Donc, à la porte d’entrée centrale, que je n’avais jamais vu ouverte, un homme que j’ai supposé être le curé PUISQUE il ne portait pas la soutane, serrait la main de tous les visiteurs (en fait, il s’appelle George Nicholson, sans doute le frère de Jack, ou un lointain descendant du colonel fou dans Le pont de la rivière Kwaï, et il prouve par sa présence qu’on ne trouve plus de curés français). À vrai dire, je me suis arrangé pour contourner un groupe d’arrivants, de sorte que j’ai échappé au serrement de pince. En voilà un qui ne pourra pas se vanter d’être incontournable !

Une fois entré, ce qui surprenait le plus, outre d’assez ridicules guirlandes d’ampoules électriques pendouillant du plafond et qu’avait imaginées en 1993 un artiste très conceptuel mort du sida en 1996 (on est comme ça, à Saint-Eustache, modernes), c’était la musique, du genre entendu dans les films d’horreur, mais jamais en un tel lieu. Touristes qui rêvaient d’aller passer un week-end en Transylvanie, économisez les frais du voyage, vous auriez été comblés. Cette musique était jouée à l’orgue par Jean-Baptiste Monnot, musicien de vingt-neuf ans qui remplace parfois à Saint-Eustache l’organiste titulaire Jean Guillou. Pour l’occasion, afin que le public puisse circuler autour, on avait déplacé la console de l’orgue, qui est tout de même l’un des instruments les plus connus dans le monde. Apparemment, Monnot, qui était accompagné par un pianiste, n’a pas suivi le programme prévu, et je crois bien qu’il improvisait.

Mais enfin, ça fichait un peu les jetons, et on peut entendre ICI un enregistrement que j’en ai fait.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :