Otages
« Otages » ?
Dites, voyageurs qui préférez le train, et qui râlez parce que la SNCF est partiellement en grève – pas pour le plaisir sadique de vous faire perdre quelques heures de vos précieuses vacances –, vous n’en avez pas marre de radoter sur le fait que les cheminots vous prennent en otages ? Ça ne vous écœure pas, à la longue, ce vocabulaire inlassablement éructé par les fachos de la famille Le Pen et de ses partisans idiots ?
Un conseil, remuez-vous un peu. Tâchez de vous renseigner, par exemple, sur Françoise Claustre, enlevée en Afrique par une bande de salopards qui ne voulaient que toucher, en échange de cet otage, une rançon de la part du gouvernement français : la malheureuse est restée détenue dans le désert du Tibesti pendant trois ans. Vous échangeriez contre cette situation le fait d’avoir raté votre train ? Je ne suis pas toujours du côté des grévistes, mais aucun n’a jamais pris qui que ce soit en otage. Ils se sont croisé les bras, comme vous le feriez si votre patron vous pourrissait la vie.
Et si vous restiez chez vous, plutôt que d’aller polluer les plages de l’Atlantique ou de la Méditerranée ? Cela vous donnerait peut-être un peu de temps pour faire travailler votre petite cervelle et réviser votre vocabulaire, aussi déficient que monotone.
(Mais qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, tout le monde parle comme tout le monde ?)