Peter Schaffer

Publié le par Yves-André Samère

Si j’ai entrepris d’écrire ce petit article sur Peter Schaffer, dramaturge anglais (qu’il ne faut pas confondre avec son jumeau Anthony, bon scénariste ayant écrit Le limier de Manckewicz, le Frenzy d’Hitchcock, et quatre adaptations d’Agatha Christie), et ce, sans l’aide de Wikipedia que néanmoins vous pouvez consulter pour tout ce que je ne vais pas mentionner car je n’ai presque plus d’encre dans mon encrier, c’est parce que, hier soir, j’ai regardé sur France 2 la dernière édition assez décevante de Secrets d’Histoire, consacrée à Mozart, émission qui m’a un peu fichu en rogne par son obstination à se calquer sur deux films ratés de deux cinéastes médiocres, René Féret pour Nannel, la sœur de Mozart (celui-là ne fait de films que pour y caser sa fille Marie, petite actrice dont aucun autre réalisateur ne veut), et surtout Amadeus, de Milos Forman – qui est ce qu’on a fait de pire en matière de biographie filmée.

Schaffer, je connais, j’ai vu deux de ses pièces à Paris sur les trois qu’on y a jouées, et trois films en ont été tirés. Il y a d’abord eu Royal hunt to the Sun, titrée en français Pizarro et le Soleil, pièce sur la colonisation de l’empire inca au seizième siècle. On en a fait un film britannique en 1969, avec Robert Shaw (le chasseur de requins dans Les dents de la mer) dans le rôle de Pizarro, et le beau Leonard Whiting, qui avait été le Roméo du film de Zeffirelli. Pas vu, le film n’est jamais sorti en France. Il y a eu aussi Equus, pièce sur la psychanalyse de bazar, jouée à deux reprises en France, et surtout connue parce que le personnage principal, un garçon de dix-sept ans, crevait les yeux de six chevaux parce qu’il n’avait pas pu copuler avec la fille qui l’aimait. Le garçon avait une courte scène où il jouait tout nu, ce qui faisait courir les foules. À Londres, en 2007, puis à New York l’année suivante, il a été joué par Daniel Radcliffe, rôle qui le changeait un peu d’Harry Potter ! Au cinéma, en 1977, Richard Burton jouait le psychiatre qui le soignait. Enfin, il y a eu Amadeus, où Schaffer ensevelissait Mozart sous un fatras d’élucubrations. À Paris, Mozart a été interprété par... Roman Polanski ! Oui, le fameux sodomiseur de mineures. C’est dans cette pièce que Salieri a été qualifié de « mauvais musicien » (il a été le professeur de musique de Beethoven et de Schubert, excusez du peu) et a été accusé d’avoir « assassiné Mozart » en l’empoisonnant, théorie aussi délirante que fausse, évidemment. On y racontait encore que Mozart avait été enterré, non pas dans un cercueil, mais dans un sac, ce qui est archi-faux.

Pourquoi je vous raconte tout cela ? Pour souligner le fait qu’il ne faut jamais faire confiance à un dramaturge lorsqu’il s’attaque, c’est le mot, à un personnage historique. Voyez Edmond Rostand inventant des inepties sur Cyrano, qu’il fait naître en Gascogne (Cyrano est né à Paris, pas très loin de chez moi, au 2 rue Dussoubs, la rue où plus tard mourra Carlo Goldoni), le dote d’un nez interminable, en fait un bretteur invincible, et amoureux de sa cousine (Cyrano était homosexuel, et on connaît très bien le nom de son amant, Charles Coypeau, dit d’Assoucy, avec lequel il s’est brouillé à mort). Ne pas oublier non plus Racine, qui a fait de Néron l’assassin de Britannicus par empoisonnement, et de celui-ci, l’amant de l’héroïne de la pièce, alors que le pauvre petit est mort à treize ans, probablement d’une rupture d’anévrisme à la suite d’une crise d’épilepsie. Les débordements de la liberté créatrice...

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