Pirater AUSSI les livres !
Les horribles pirates qui servent de cible à nos bien-aimés ministres ne se contentent pas de télécharger des chefs-d’œuvre de la musique comme le dernier disque (pardon : le dernier « album ») de Claire Keim ou ce sommet de l’art cinématographique, Bienvenue chez les Ch’tis. Ces sagouins (je parle des pirates) se permettent aussi de télécharger des livres ! En effet, les gadgets de lecture capables d’emmagasiner des centaines de bouquins sous forme de fichiers informatiques se multiplient, or ces livres virtuels, vendus en ligne par Amazon ou la FNAC, se payent aussi cher que les livres sur papier, alors que leur coût de fabrication est quasi-nul.
Il s’ensuit que les adeptes de la piraterie ne se contentent plus de mettre des disques, des jeux vidéo ou des films à la disposition des autres, ils y mettent aussi des livres. On se souvient que le petit dernier de Michel Houellebecq a été ainsi distribué à qui en voulait (je l’ai téléchargé, par curiosité, mais n’ai pas trouvé le temps de le lire, car, au fond, je me fiche de Houellebecq autant que du dernier film de Sofia Coppola).
En foi de quoi, le Syndicat National de l’Édition (SNE) s’est rallié à la chasse aux pirates, et compte demander que la CNIL l’autorise à faire appel à TMG, cette société de chasse aux pirates appartenant à Thierry Lhermitte, que nous bénissons tous les jours en nous abstenant désormais d’aller voir ses films. Et la CNIL, peu combative, va certainement dire amen, puisque jamais elle n’a refusé ce genre de supplique.
C’est doublement idiot, et voici pourquoi. D’abord, TMG ne travaille pas gratuitement, elle se fait payer, et cher. Ensuite, un livre sous forme informatique (donc au format PDF ou assimilé) n’est pas un film : matériellement, il occupe un très petit volume, et son téléchargement ne prend que quelques secondes, alors que, pour un film, cela peut durer des heures. Il s’ensuit que la surveillance risque fort de ne rien voir du tout ! Enfin, cette nouvelle menace sur le téléchargement via les réseaux peer-to-peer ne peut qu’inciter les petits malins à innover en imaginant d’autres moyens de pirater. Déjà, ces moyens ne manquent pas.