Piratez en France, ce sera moins cher !

Publié le par Yves-André Samère

On connaît le proverbial sens de la mesure de la justice états-unienne. Par exemple, il y a cette loi de la troisième peine, qui prescrit que si vous êtes condamné trois fois pour le même délit, vous risquez la détention à perpétuité. Cette loi a du reste été appliquée à un jeune homme, évidemment noir, qui avait soustrait... une pizza à un consommateur, dans un fast-food. Un tel crime, c’est évident, méritait le maximum.

Les délits informatiques, aux États-Unis, sont en passe d’être réprimés avec la même modération. Par exemple, pirater le courrier électronique de quelqu’un peut vous valoir vingt ans de prison (et 250 000 dollars de dommages et intérêts). On voit combien l’échelle des délits est établie sainement et raisonnablement, dans ce pays-phare, sur lequel nos élites ont le regard braqué en permanence.

Par chance, les tribunaux de là-bas n’appliquent pas forcément la loi dans toute sa rigueur, sans quoi, la totalité de la population serait déjà en taule pour un siècle et demi, comme Robert Madoff. Ainsi, un étudiant démocrate, qui, avait piraté la boîte aux lettres électroniques de Sarah Palin, a écopé hier d’un an et un jour de prison, avec mise à l’épreuve de trois ans. En la matière, les règles générales, dites federal sentencing guidelines, recommandent une peine entre 15 et 21 mois de prison, et le procureur demandait une sanction de 18 mois de prison dans le cas présent. Cela, pour avoir diffusé sur Internet deux photos de famille et cinq captures d’écran de la boîte aux lettres piratée.

Notons que la « victime » avait, en l’occurrence, brillé surtout par sa stupidité : elle avait choisi un mot de passe qui pouvait être retrouvé en répondant à une question secrète, du genre « Quel était le prénom de votre mère ? », comme cela se pratique un peu partout. Or la réponse à cette question était si « secrète » que l’horrible malfaiteur l’avait trouvée sur Internet !

Détail piquant : on a surtout reproché au délinquant d’avoir gêné le travail des enquêteurs en... effaçant sur son propre ordinateur les photos et les captures d’écran de sa victime. Suposez que vous commettiez un cambriolage et que vous portiez des gants pour ne pas laisser traîner vos empreintes digitales. Eh bien, aux États-Unis, c’est ÇA, le plus grave !

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