Pudibonderie

Publié le par Yves-André Samère

La stupidité de la pudibonderie n’a jamais été mieux incarnée que dans la censure états-unienne, qui oblige les gens de cinéma, de télévision et même de radio à censurer certains mots. Du reste, l’autre soir sur Canal Plus, Antoine de Caunes a aimablement « autorisé » Samuel L. Jackson à se défouler s’il le désirait, en disant quelques fuck bien sentis, ce qui est possible en France mais certes pas dans son pays ! Mais vous avez sans doute noté que l’invité n’en a pas profité. Trop timoré ?

Mais voici un exemple parfait : en 1999, le cinéaste Trey Parker a sorti un film dont il avait écrit le scénario avec Matt Stone. Ils adaptaient leur série télévisée South Park. Le film est sorti en France le 25 août 1999, et il est passé sur la chaîne Ciné+Club le 14 décembre 2012. Aux États-Unis et au Canada, il était sorti le 30 juin 1999.

Une précision, le titre complet du film, en anglais, était South Park: Bigger, longer & uncut. Pour les non-anglicisants, je traduis (en rougissant) : « South Park : plus gros, plus long et non coupé ». Si vous connaissez la série, vous imaginez bien que ce titre est à double sens et se réfère à un autre objet que le film lui-même ! Les dialogues, d’ailleurs hilarants, étaient scatologiques et pornographiques, et ne craignaient pas de citer des vedettes connues en les ridiculisant. C’était beaucoup plus fort que les Simpson, bien sûr.

Dans le Livre des records de Guinness en 2001, le film a été décrit comme le dessin animé le plus grossier jamais réalisé. On y a relevé 399 jurons (dont 146 fois le mot fuck cité plus haut), 199 gestes et postures obscènes, et 221 actes de violence. Sachant que tous les personnages du film sont des gosses, on imagine le degré de transgression aux États-Unis !

Mais le plus comique est que la MPAA (la Motion Picture Association of America, association interprofessionnelle qui défend les intérêts de l’industrie cinématographique des États-Unis) a obligé les deux auteurs à modifier le titre de leur film, parce qu’il devait s’intituler « South Park: All hell breaks loose » (c’est-à-dire « Tout l’enfer s’est échappé »), à cause du mot enfer ! C’est vrai, ça, il ne faut pas offenser Satan, il pourrait faire un procès. Résultat, le titre final est encore plus subversif...

Les censeurs sont les types les plus intelligents du monde.

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