Quand Ferry fait rire (jaune)
Comme on dit dans le Midi, il est « bien brave », ce Vincent Berger, président de l’université de Paris-VII. Au nombre de ses professeurs, il compte Luc Ferry, le célèbre échotier-moraliste, lecteur fidèle du « Figaro-Magazine » où sans doute il piocherait la matière de ses cours… s’il en donnait !
Mais voilà, Luc Ferry, grand moraliste donc, perçoit chaque mois son modeste salaire de 4499,04 euros, mais… ne va pas en cours. Alors que son contrat stipule qu’il devait donner, pour l’année presque écoulée, 192 heures. Dont il n’a « fait » aucune. Zéro !
Le président lui a donc envoyé trois lettres pour lui sonner courtoisement les cloches, mais Ferry n’entend pas plus cette cloche que celle de la fin de récréation. Bon prince – je n’ose pas écrire qu’il est complaisant, mais il est certainement plaisant –, l’excellent Berger, loin de saisir son bâton, lui propose le 31 mai de donner, entre le 15 juin et le 13 juillet, seulement vingt-quatre heures de cours, soit huit fois moins que ce qu’il doit à l’État, et sans réduction de salaire, bien entendu. On est entre gens de bonne compagnie. Ferry va y songer…
Et maintenant, imaginez qu’un simple professeur de collège, payé deux fois moins que monsieur Ferry, s’avise de ne jamais mettre les pieds dans sa classe. Je ne lui donne pas deux mois avant d’être convoqué au rectorat, et, s’il s’obstine, à être privé de son salaire.
Pour se justifier, Ferry dit et laisse dire qu’il est président délégué d’un Conseil d’analyse de la société, c’est-à-dire qu’il est « payé pour réfléchir » sur les grandes questions de notre époque. Ce doit être épuisant. Et cette charge, naguère assortie d’une dispense de donner des cours, ne l’est plus. Autrement dit, légalement, Ferry est obligé de travailler.
C’est éprouvant, l’existence d’un philosophe.