Résurrection de Philippe Val
J’espère que vous avez apprécié à sa juste valeur le rétablissement aussi spectaculaire qu’acrobatique de Philippe Val, subitement remis en selle, puisque, depuis hier, on l’a traîné partout, devant tous les micros et toutes les caméras de Paris, afin qu’il vienne nous expliquer combien il avait d’importance, lui, en tant qu’ancien directeur de « Charlie-Hebdo ». Pas une voix ne s’est élevée contre cette imposture, comme l’auraient peut-être fait celles de ces mal élevés que les envoyés de Dieu ont expédiés dans l’autre monde, grâce au concours efficace de M. Kalachnikov.
Philippe Val avait quitté « Charlie-Hebdo », dont il était le principal actionnaire, c’est-à-dire propriétaire, lorsque s’est exécutée cette fabuleuse magouille : Val, ancien chanteur gauchiste, était un ami de Carla Bruni et lui avait écrit quelques chansons. Lorsqu’il s’est agi de trouver un successeur au président de Radio-France, Val, qui était depuis des années chroniqueur sur France Inter et avait beaucoup œuvré dans une émission pilotée par Jean-Luc Hees, souffla ce nom à Carlita ; laquelle répercuta le conseil dans l’oreille de son petit mari, qui, par le plus grand des hasards, se trouvait être alors président de la République. Qui, pour faire plaisir à sa femme, nomma donc Hees président de Radio France. Et, reconnaissant, Hees choisit son copain Val pour être le directeur de France Inter, sur l’air de Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné. Val sautait donc du poste de simple chroniqueur à celui de patron de la principale radio nationale. Poste où ce grand défenseur de la liberté de pensée, détesté par tous ses collaborateurs au point qu’il ne mettait jamais le nez hors de son bureau, vira deux humoristes qui ne plaisaient pas à Sarkozy, vous avez reconnu Stéphane Guillon et Didier Porte.
Mais, du côté de « Charlie-Hebdo », cette promotion de leur patron à la radio nationale fut un soulagement. Il faut que vous sachiez qu’on n’aimait guère Val, à la rédaction de « Charlie-Hebdo » : ses manières dictatoriales avaient déjà fait quelques ravages, et il n’était pas du tout le genre de gentil qu’on trouvait chez ses ex-employés. Il fut remplacé par Charb (Stéphane Charbonnier), au grand soulagement de tous.
Aujourd’hui, Val a perdu son poste directorial à France Inter, et n’a plus grand-chose à faire. Alors, cet attentat dans son ancien journal lui permet de remonter à la surface, de venir prendre une mine apitoyée devant les caméras, et de faire comme s’il allait être pour quelque chose dans la prochaine publication du journal, provisoirement accueilli par ses confrères.
Mais je doute que, dans les rédactions, on laisse Val pointer son nez. En tout cas, si vous désirez vous rafraîchir la mémoire sur Val, ses pompes et ses œuvres, allez lire ce qu’on en disait ICI en 2010.