Résurrection du « flashmob » ? Non
Il y a bien des années qu’on n’avait pas eu de flashmob à Paris. Le premier dont j’avais eu connaissance, c’était celui du 4 décembre 2003. Il fallait se rendre à 19 heures 41 précises « devant la porte bleue au 65, rue Pierre Charron (M° Franklin Roosevelt) », muni d’un briquet. Là, on vous remettait une fiche d’instructions, qu’on devait suivre, mais j’ai oublié ce dont il s’agissait ensuite.
Je me souviens de quelques autres flashmobs ; l’un, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare. À l’heure indiquée, on devait faire je ne sais plus trop quoi, puis se disperser au signal. Le tout ne durait pas plus de deux ou trois minutes, d’où le nom flashmob (mobilisation rapide). Là, c’était le 20 décembre, et le rendez-vous était « à 17 heures 36 précises devant le 2 rue de Laborde », près de la gare.
Je me souviens de celui du musée du Louvre, dans le grand hall sous la pyramide (au signal, il fallait se laisser tomber par terre et faire le mort), et du onzième et avant-dernier, une manifestation contre l’exposition Dada au Centre Pompidou, avec le slogan « À bas Dada ! ». Celle-là était silencieuse, les manifestants devaient brandir des pancartes où une moustache était barrée en croix. Le douzième et dernier, le 11 juin 2005, était au Jardin des Tuileries, il fallait se relayer avec des gobelets remplis d’eau dans le bassin, et en verser le contenu je ne sais plus où.
Le plus original, à mon sens, se passait au marché Saint-Honoré, dans mon arrondissement, passage des Jacobins. Chacun devait apporter un livre, et le truc consistait à faire le plus d’échanges possibles et successifs avec un autre quidam intéressé par celui que vous aviez. J’avais corsé la difficulté en me pointant avec le Satiricon de Pétrone, et... en espagnol ! Je pensais que ça ne marcherait pas, mais j’avais pourtant pu l’échanger tout de suite, puis avais fait quatre échanges de plus, et j’étais reparti avec Cristal qui songe, de Theodore Sturgeon, un auteur de fantastique que je ne connaissais pas encore. Vous voyez que ces divertissements peuvent servir à quelque chose !
Aujourd’hui, quelqu’un a voulu ressusciter les flashmobs en organisant une manifestation du « Printemps des poètes », à côté du Pompidolium. Meneur de jeu, l’acteur Jacques Bonnaffé. Les participants, très peu nombreux, brandissaient des parapluies blancs et devaient lire un texte pseudo-poétique qu’on leur avait distribué. C’était totalement raté. La mode est passée, visiblement. Dommage.