Revirements : Besson, Baroin

Publié le par Yves-André Samère

J’aimais bien François Baroin, en dépit du fait qu’il appartient, pour moi, au camp d’en face. Il avait été très courtement ministre de l’Intérieur de Chirac, mais auparavant, ministre de l’Outremer. Or cela lui avait coûté, car il avait dû surmonter sa phobie de l’avion (son père était mort en Afrique d’un accident d’avion, justement). Quasiment élevé par Chirac après cela, on le considérait comme le plus fidèle zélateur de l’ancien président... et voilà qu’il accepte un poste de ministre dans le gouvernement de son ennemi juré Sarkozy ! Aller ainsi à la soupe, d’emblée, cela vous rend beaucoup moins sympathique.

On ne s’attendrait pas à une comparaison entre Éric Besson et François Baroin. Hélas, désormais, il faut la faire, cette comparaison, car Besson, avant Baroin, a aussi changé de camp, pour un motif identique.

Si je n’ai aucune considération pour Éric Besson, ce n’est pas parce qu’il a changé de camp ou d’opinion. Rappelons aux amnésiques que l’idole des Français, Charles De Gaulle, a clamé en public « Vive l’Algérie française ! », le 6 juin 1958 à Mostaganem, quelques mois avant de changer d’avis et de faire poursuivre, par sa police et ses barbouzes, tous ceux qui en étaient restés à la version précédente de sa politique affichée... Il est donc très possible qu’Éric Besson ait sincèrement abjuré son socialisme et se soit converti au sarkozysme. Il est tout aussi possible qu’en dépit du débat consternant sur l’immigration et l’identité nationale que lui a inspiré son passage au ministère où il squatte encore, il ait été sincèrement convaincu qu’il faisait bien.

Mais alors, pomme à l’huile !, me direz-vous, pourquoi montres-tu aussi peu de considération pour ce malheureux ? Pour la raison qu’avant de changer de camp, il avait écrit un livre sanglant sur Sarkozy, et qu’ensuite, pour devenir son ministre, il a forcément été obligé de lui faire savoir qu’il le regrettait. Autrement dit, il s’est EXCUSÉ en échange d’un poste ministériel ! Un homme d’honneur se serait peut-être excusé, mais il aurait refusé le poste, pour ne pas sembler vendre sa réputation en échange d’une aumône.

Les revirements, ça ne me dérange pas : un amateur de corrida peut devenir un défenseur des animaux aussi bien qu’une pasionaria de la défense des animaux peut un jour castrer un âne innocent. Mais s’abaisser en acceptant une faveur d’un ancien adversaire, non.

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